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caractères conviennent mieux au quartz qu’au jaspe, d’autant plus que tous les jades des Grandes-Indes et de la Chine sont blancs ou blanchâtres comme le quartz ; et que de ces jades blancs au jade vert, on trouve toutes les nuances du blanc au verdâtre et au vert. On a donné à ce jade vert le nom de pierre des Amazones, parce qu’on le trouve en grande quantité dans ce fleuve qui descend des hautes montagnes du Pérou, et entraîne ces morceaux de jade avec les débris du quartz et des granités qui forment la masse de ces montagnes primitives.




DU MICA ET DU TALC.

Le mica est une matière dont la substance est presque aussi simple que celle du quartz et du jaspe, et tous trois sont de la même essence ; la formation du mica est contemporaine à celle de ces deux premiers verres ; il ne se trouve pas comme eux en grandes masses solides et dures, mais presque toujours en paillettes et en petites lames minces et disséminées dans plusieurs matières vitreuses ; ces paillettes de mica ont ensuite formé les talcs, qui sont de la même nature, mais qui se présentent en lames beaucoup plus étendues ; ordinairement les matières en petit volume proviennent de celles qui sont en grandes masses ; ici c’est le contraire, le talc en grand volume ne se forme que de parcelles du mica qui a existé le premier[NdÉ 1], et dont les particules s’étant réunies par l’intermède de l’eau ont formé le talc, comme le sable quartzeux s’est réuni par le même moyen pour former le grès.

Ces petites parcelles de mica n’affectent que rarement une forme de cristallisation ; et comme le talc réduit en petites particules devient assez semblable au mica, on les a souvent confondus, et il est vrai que les talcs et les micas ont à peu près les mêmes qualités intrinsèques ; néanmoins ils diffèrent en ce que les talcs sont plus doux au toucher que les micas, et qu’ils se trouvent en grandes lames, et quelquefois en couches d’une certaine étendue, au lieu que les micas sont toujours réduits en parcelles, qui, quoique très minces, sont un peu rudes ou arides au toucher : on pourrait donc dire qu’il y a deux sortes de micas, l’un produit immédiatement par le feu primitif, l’autre d’une formation bien postérieure et provenant des débris même du talc dont il a les propriétés ; mais tout talc paraît avoir commencé par être mica ; cette douceur au toucher, qui fait la qualité spécifique et la différence du talc au mica, ne vient que de la plus grande atténuation de ses parties par la longue impression des éléments humides. Le mica est donc un verre primitif en petites lames et paillettes très minces, lesquelles, d’une part, ont été sublimées par le feu ou déposées dans certaines matières, telles que les granits au moment de leur consolidation, et qui, d’autre part, ont ensuite été entraînées par les eaux et mêlées avec les matières molles, telles que les argiles, les ardoises et les schistes.

Nous avons dit, dans les volumes précédents, que le verre, longtemps exposé à l’air, s’irise et s’exfolie par petites lames minces, et qu’en se décomposant il produit une sorte de mica qui d’abord est assez aigre et devient ensuite doux au toucher, et enfin se convertit en argile. Tous les verres primitifs ont dû subir ces mêmes altérations lorsqu’ils ont été très longtemps exposés aux éléments humides, et il en résulte des substances nouvelles, dont quelques-unes ont conservé les caractères de leur première origine ; les micas en particulier, lorsqu’ils ont été entraînés par les eaux, ont formé des amas et même des masses en se réunissant ; ils ont produit les talcs quand ils se sont trouvés sans mélange, ou bien

  1. Cela est très douteux. Il est plus probable que le mica et le talc ont une origine indépendante.