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une autre à Bitry, lieu qui n’est pas éloigné de Donzy en Nivernais ; elle est à trente pieds de profondeur, et porte, comme celle de Vierzon, sur un lit de sable qui n’est point mêlé d’ocre[1] : une autre à Saint-George-sur-la-Prée, dans le Berry, qui est à cinquante ou soixante pieds de profondeur[2], la veine d’ocre portant également sur le sable ; une

    au-dessous de ce banc de sable que se trouve la première veine d’ocre. Cette veine a la même épaisseur que le banc de sablon : elle est horizontale autant que j’en ai pu juger ; et, comme on l’aperçoit tout autour du puits, je n’ai pu décider si elle court du midi au nord, ou si elle suit une autre direction.

    » Ce lit d’ocre est suivi par un autre banc de sablon, et celui-ci par une autre veine d’ocre, et le mineur m’a assuré qu’en creusant davantage, on voit aussi différents lits d’ocre et de sable se succéder les uns aux autres ; je n’en ai vu que deux lits de chacun, parce que le puits où je suis descendu était tout nouvellement fait. L’ocre est molle, grasse et parfaitement homogène ; c’est une chose assez singulière que la nature ait ainsi réuni les deux contraires, le sable et l’ocre, savoir la matière la moins liante avec celle qui paraît avoir le plus de ductilité, et cela sans le moindre mélange ; car la séparation des veines de sable et d’ocre est parfaite, et n’est pour ainsi dire qu’une ligne géométrique. Quand je dis que les veines d’ocre sont si pures, j’entends qu’il n’y a aucun mélange de sable, et je ne parle pas de quelques noyaux durs, ferrugineux et de la grosseur du poing, qui sont de véritables pierres œtites, car on en trouve assez fréquemment dans l’ocre ; leur surface est à peu près ronde, et l’épaisseur de la croûte d’environ deux lignes : elles contiennent un peu d’ocre mêlée d’une terre ferrugineuse et friable. On n’emploie point d’autre machine pour tirer l’ocre de la carrière que le tourniquet simple dont se servent nos potiers de terre des environs de Paris ; elle est pâle et presque blanche dans la veine, et jaunit à mesure qu’elle sèche, mais elle devient rouge quand on la calcine : le sablon qui l’environne n’a de particulier que quelques brillants talqueux, dont il est semé, et son goût vitriolique assez considérable. Toute cette mine est fort humide, et, malgré la largeur de l’ouverture, l’eau qui distillait des côtés formait an bas une pluie fort incommode : cette eau sentait aussi le vitriol, et rougissait avec l’infusion de noix de galle. » Observations d’histoire naturelle ; Paris, 1739, p. 118.

  1. Les trous que l’on ouvre pour tirer l’ocre n’ont au plus que trente pieds de profondeur… Les matières qui précèdent l’ocre sont : 1o un banc de sable terreux ; 2o un banc de glaise qui est d’un blanc cendré ou d’un bleuâtre tirant sur le noir, qui sert à faire de la poterie : ce banc est fort épais ; 3o un autre banc de glaise de couleur tirant sur le violet : il est tantôt plus violet que rouge, tantôt plus rouge que violet ; 4o un petit banc, ou plutôt un lit d’une espèce de grès jaune ou d’un brun jaunâtre ; 5o le banc d’ocre, dont l’épaisseur fait au moins le tiers de la hauteur de l’excavation ; et 6o un banc de sable qui est sous l’ocre et qu’on ne perce jamais… L’ocre est très jaune lorsqu’on la tire de la terre ; elle est toujours alors un peu mouillée ; elle prend à la superficie, en se desséchant, une couleur légèrement cendrée. Pour la tirer, on la détache du banc en assez gros quartiers avec des coins de bois coniques, que l’on frappe d’un maillet de bois. Mémoire de l’Académie des sciences, année 1762, p. 155 et suiv.
  2. On trouve au-dessus de cette mine d’ocre : 1o quatre à cinq pieds de terre commune ; 2o quinze à seize pieds d’une terre argileuse mêlée de cailloutage ; 3o trois et quatre pieds de gros sable rouge ; 4o cinq à six pieds d’un grès gris et luisant, quelquefois si dur qu’on est obligé d’employer la poudre pour le rompre ; 3o dix à vingt pieds d’une terre brune plus ferme et plus solide que l’argile ; 6o deux ou trois pieds d’une terre jaunâtre aussi fort dure ; 7o le banc d’ocre qui n’a tout au plus que huit à neuf pouces d’épaisseur ; 8o un sable passablement fin dont on ne connaît pas la profondeur… Ici l’ocre ne se trouve point par quartiers séparés, elle forme un lit continu dans toute sa longueur, et conserve presque partout son épaisseur ; elle est tendre dans la mine, et on la coupe aisément avec la bêche ; elle est originairement d’un jaune foncé, mais elle pâlit un peu, et durcit en se séchant. L’ocre n’est point mélangée de glaise d’aucune couleur… et elle ne renferme aucun caillou dans son intérieur ; seulement il y a par-dessous une espèce de gravier de l’épaisseur de deux à trois doigts. Mémoires de l’Académie des sciences, année 1762, p. 153 et suiv.