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Dans quelques endroits[1] de la Pologne, dit M. Guettard, « le vrai plâtre n’est pas rare ; celui de Rohatin (starostie de Russie) est entièrement semblable au plâtre des environs de Paris, que l’on appelle grygnard : il est composé de morceaux de pierres spéculaires, jaunâtres et brillantes qui affectent une figure triangulaire ; les bancs de cette pierre sont de toutes sortes de largeurs et d’épaisseurs. » On trouve encore du plâtre et du beau gypse aux environs de Bâle, en Suisse, dans le pays de Neufchâtel et dans plusieurs autres endroits de l’Europe.

Il y a de même du plâtre dans l’île de Chypre, et presque dans toutes les provinces de l’Asie. On en fait des magots à la Chine et aux Indes.

L’on ne peut donc guère douter que cette matière ne se trouve dans toutes les parties du monde, quoiqu’elle se présente seulement dans des lieux particuliers et toujours dans le voisinage de la pierre calcaire ; car le plâtre n’étant composé que de substance calcaire réduite en poudre, il ne peut se trouver que dans les endroits peu éloignés des rochers, dont les eaux auront détaché ces particules calcaires, et comme il contient aussi beaucoup d’acide vitriolique, cette combinaison suppose le voisinage de la terre limoneuse, de l’argile et des pyrites, en sorte que les matières plâtreuses ne se seront formées, comme nous l’avons dit, que dans les terrains où ces deux circonstances se trouvent réunies.

Quelque hautes que soient certaines collines à plâtre, il n’est pas moins certain que toutes sont d’une formation plus nouvelle que celle des collines calcaires : outre les preuves que nous en avons déjà données, cela peut se démontrer par la composition même de ces éminences plâtreuses ; les couches n’en sont pas arrangées comme dans les collines calcaires ; quoique posées horizontalement, elles ne suivent guère un ordre régulier, elles sont placées confusément les unes sur les autres, et chacune de ces couches est de matière différente ; elles sont souvent surmontées de marne ou d’argile, quelquefois

    pierre spéculaire de Pline. On la calcine et on la réduit en poudre très fine, blanche comme la neige, dont on fait des figures moulées aussi élégantes que celles du plus beau marbre blanc faites au ciseau.

    » La troisième espèce de gypse est oblique à l’horizon : elle ressemble à l’alun de plume, et peut en être une espèce impure et imparfaite.

    » On rencontre aussi quelquefois dans les fentes de cette montagne certaine croûte que les ouvriers appellent œil de gypse et nervature : cette matière reçoit le poli comme le marbre, et ne cède point au plus bel albâtre par la distribution des taches. » Collection académique, partie étrangère, t. VI, p. 476.

  1. « Rzaczynski indique plusieurs endroits de la Pologne qui fournissent du plâtre sous la forme de pierre spéculaire, ou sous celle qui lui est le plus ordinaire : selon cet auteur, la pierre spéculaire est commune entre Crovie et Sonez, dans le village de Posadza (situé, comme les deux derniers endroits, dans la petite Pologne), le palatinat de Russie, et près le village de Marchocice ; elle est abondante proche Podkamien ; les caves de Saruki sont creusées dans des roches de cette pierre…

    » L’autre espèce de plâtre se tire en grande Pologne, près Goska, distant de deux lieues de Keinia, près Vapuo ; du canton de Paluki, et dans d’autres endroits de la petite Pologne… Les campagnes de Skala-Trembowla en ont qui ressemble à de l’albâtre, et auquel il ne manque que de la dureté pour être, selon Rzaczynski, regardé comme un marbre. Ces endroits ne sont pas les seuls qui fournissent de cette pierre : on en rencontre çà et là, suivant cet auteur… On trouve encore du plâtre à Bolestraszice, à Lakodow, à dix lieues du Léopol, dans le palatinat de Russie : ce plâtre est transparent, l’on en fait des vitres ; ce n’est sans doute que de la pierre spéculaire. Celui que les Italiens appellent alun-scagliola, et qui n’est que de la pierre spéculaire, se trouve à Zawale et à Czarnakozynce. Ces endroits donnent également du plâtre ordinaire et blanc ; ils sont de Podolie ou du territoire de Kuminice. » Mémoire de M. Guettard, dans ceux de l’Académie des sciences, année 1762, p. 301 et 302.