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point été altérée, et qui forment le fond du globe, ainsi que le noyau de toutes les montagnes primordiales, mais encore les sables, les schistes, les ardoises, les argiles et toutes les matières vitrescibles décomposées et transportées par les eaux. La seconde classe contient toutes les matières calcaires, c’est-à-dire toutes les substances produites par les coquillages et autres animaux de la mer ; elles s’étendent sur des provinces entières et couvrent même d’assez vastes contrées ; elles se trouvent aussi à des profondeurs assez considérables, et elles environnent les bases des montagnes les plus élevées jusqu’à une très grande hauteur. La troisième classe comprend toutes les substances qui doivent leur origine aux matières animales et végétales, et ces substances sont en très grand nombre ; leur quantité paraît immense, car elles recouvrent toute la superficie de la terre. Enfin la quatrième classe est celle des matières soulevées et rejetées par les volcans, dont quelques-unes paraissent être un mélange des premières, et d’autres, pures de tout mélange, ont subi une seconde action du feu qui leur a donné un nouveau caractère[NdÉ 1]. Nous rapportons à ces quatre classes toutes les substances minérales, parce qu’en les examinant, on peut toujours reconnaître à laquelle de ces classes elles appartiennent, et par conséquent prononcer sur leur origine : ce qui suffit pour nous indiquer à peu près le temps de leur formation ; car, comme nous venons de l’exposer, il paraît clairement que toutes les matières vitrescibles solides, et qui n’ont pas changé de nature, ni de situation, ont été produites par le feu primitif, et que leur formation appartient au temps de notre seconde époque, tandis que la formation des matières calcaires, ainsi que celle des argiles, des charbons, etc., n’a eu lieu que dans des temps subséquents et doit être rapportée à notre troisième époque. Et comme dans les matières rejetées par les volcans, on trouve quelquefois des substances calcaires et souvent des soufres et des bitumes, on ne peut guère douter que la formation de ces substances rejetées par les volcans ne soit encore postérieure à la formation de toutes ces matières et n’appartienne à notre quatrième époque.

Quoique la quantité des matières rejetées par les volcans soit très petite en comparaison de la quantité des matières calcaires, elles ne laissent pas d’occuper d’assez grands espaces sur la surface des terres situées aux environs de ces montagnes ardentes et de celles dont les feux sont éteints et assoupis.

  1. Cette quatrième classe contient, par conséquent, toutes les roches que l’on désigne actuellement sous le nom de métamorphiques. Buffon est le premier qui en ait fait mention. Il désigne ainsi toutes les roches qui ont subi, après leur dépôt, l’action de la chaleur ; ces roches appartiennent à des époques différentes et à des espèces minérales très diverses, aucune sorte de roches n’ayant échappé aux actions métamorphiques. « Leur transformation, dit Lyell, peut être attribuée à l’influence de la chaleur souterraine s’exerçant sous une forte pression, à laquelle est venue s’ajouter celle de l’eau ou de la vapeur chaude, et de plusieurs autres gaz qui, pénétrant les roches poreuses, ont donné lieu à diverses décompositions et à de nouvelles combinaisons chimiques. »