Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome II, partie 1.pdf/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’expédition du pilote Otcheredin en 1774, qui m’a été envoyée par M. de Domascheneff, président de l’Académie de Saint-Pétersbourg, celles d’Anadir, ainsi que la Stachta nitada, grande terre à l’est où les Tschutschis commercent, et les pointes des côtes de l’Amérique reconnues par Tschirikow et Behring, qui ne sont pas représentées dans la grande carte de l’empire de Russie, le sont ici d’après celle que l’Académie de Pétersbourg a publiée en 1773 ; mais il faut avouer que la longitude de ces points est encore incertaine, et que cette côte occidentale de l’Amérique est bien peu connue au delà du cap Blanc qui gît environ sous le 43e degré de latitude. La position du Kamtschatka est aujourd’hui bien déterminée dans la carte russe de 1777 ; mais celle des terres de l’Amérique vis-à-vis Kamtschatka, n’est pas aussi certaine ; cependant on ne peut guère douter que la grande terre désignée sous le nom de Stachta nitada, et les terres découvertes par Behring et Tschirikow, ne soient des portions du continent de l’Amérique ; on assure que le roi d’Espagne a envoyé nouvellement quelques personnes pour reconnaître cette côte occidentale de l’Amérique depuis le cap Mandocin jusqu’au 56e degré de latitude ; ce projet me paraît bien conçu, car c’est depuis le 43e au 56e degré qu’il est à présumer qu’on trouvera une communication de la mer Pacifique avec la baie d’Hudson.

La position et la figure du Spitzberg sont tracées sur notre carte d’après celle du capitaine Philipps ; le Groënland, les baies de Baffin et d’Hudson et les grands lacs de l’Amérique le sont d’après les meilleures cartes des différents voyageurs qui ont découvert ou fréquenté ces parages. Par cette réunion, on aura sous les yeux les gisements relatifs de toutes les parties des continents polaires et des passages tentés pour tourner par le nord et à l’est de l’Asie ; on y verra les nouvelles découvertes qui se sont faites dans cette partie de mer, entre l’Asie et l’Amérique jusqu’au cercle polaire ; et l’on remarquera que la terre avancée de Szalaginski s’étendant jusqu’au 73e ou 74e degré de latitude, il n’y a nulle apparence qu’on puisse doubler ce cap, et qu’on le tenterait sans succès, soit en venant par la mer Glaciale le long des côtes septentrionales de l’Asie, soit en remontant du Kamtschatka et tournant autour de la terre des Tschutschis, de sorte qu’il est plus que probable que toute cette région au delà du 74e degré est actuellement glacée et inabordable : d’ailleurs tout nous porte à croire que les deux continents de l’Amérique et de l’Asie peuvent être contigus à cette hauteur, puisqu’ils sont voisins aux environs du cercle polaire, n’étant séparés que par des bras de mer, entre les îles qui se trouvent dans cet espace, et dont l’une paraît être d’une très grande étendue.

J’observerai encore qu’on ne voit pas sur la nouvelle carte de l’empire de

    qu’elles sont toutes assez peuplées, et il décrit les habitudes naturelles de ces insulaires qui vivent sous terre la plus grande partie de l’année ; on a donné le nom d’îles au Renards à ces îles, parce qu’on y trouve beaucoup de renard noirs, bruns et roux.