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Les Chaldéens paraissent plus nouveaux dans la carrière astronomique que les Égyptiens.

Les Égyptiens connaissaient le mouvement du soleil plus de 3 mille ans avant Jésus-Christ, et les Chaldéens plus de 2 mille 473 ans.

Il y avait chez les Phrygiens un temple dédié à Hercule, qui paraît avoir été fondé 2 mille 800 ans avant l’ère chrétienne, et l’on sait qu’Hercule a été dans l’antiquité l’emblème du soleil.

On peut aussi dater les connaissances astronomiques chez les anciens Perses plus de 3 mille 200 ans avant Jésus-Christ.

L’astronomie chez les Indiens est tout aussi ancienne ; ils admettent quatre âges, et c’est au commencement du quatrième qu’est liée leur première époque astronomique : cet âge durait, en 1762, depuis 4 mille 863 ans, ce qui remonte à l’année 3102 avant Jésus-Christ. Ce dernier âge des Indiens est réellement composé d’années solaires, mais les trois autres, dont le premier est de 1 million 728 mille années, le second de 1 million 296 mille, et le troisième de 864 mille années, sont évidemment composés d’années ou plutôt de révolutions de temps beaucoup plus courtes que les années solaires.

Il est aussi démontré par les époques astronomiques que les Chinois avaient cultivé l’astronomie plus de 3 mille ans avant Jésus-Christ, et dès le temps de Fo-hi.

Il y a donc une espèce de niveau entre ces peuples égyptiens, chaldéens ou perses, indiens, chinois et tartares. Ils ne s’élèvent pas plus les uns que les autres dans l’antiquité, et cette époque remarquable de 3 mille ans d’ancienneté pour l’astronomie est à peu près la même partout[1].


(36) Page 130, ligne 33. Je donnerais aisément plusieurs autres exemples, qui tous concourent à démontrer que l’homme peut modifier les influences du climat qu’il habite. « Ceux qui résident depuis longtemps dans la Pensylvanie et dans les colonies voisines, ont observé, dit M. Hugues Williamson, que leur climat a considérablement changé depuis quarante ou cinquante ans, et que les hivers ne sont point aussi froids…

» La température de l’air dans la Pensylvanie est différente de celle des contrées de l’Europe situées sous le même parallèle. Pour juger de la chaleur d’un pays, il faut non seulement avoir égard à sa latitude, mais encore à sa situation et aux vents qui ont coutume d’y régner ; puisque ceux-ci ne sauraient changer sans que le climat ne change aussi. La face d’un pays peut être entièrement métamorphosée par la culture ; et l’on se convaincra, en examinant la cause des vents, que leur cours peut pareillement prendre de nouvelles directions…

« Depuis l’établissement de nos colonies, continue M. Williamson, nous sommes parvenus non seulement à donner plus de chaleur au terrain des cantons habités, mais encore à changer en partie la direction des vents. Les marins, qui sont les plus intéressés à cette affaire, nous ont dit qu’il leur fallait autrefois quatre ou cinq semaines pour aborder sur nos côtes, tandis qu’aujourd’hui ils y abordent dans la moitié moins de temps. On convient encore que le froid est moins rude, la neige moins abondante et moins continue qu’elle ne l’a jamais été depuis que nous sommes établis dans cette province…

« Il y a plusieurs autres causes qui peuvent augmenter et diminuer la chaleur de l’air ; mais on ne saurait m’alléguer cependant un seul exemple du changement de climat qu’on ne puisse attribuer au défrichement du pays où il a lieu. On m’objectera celui qui est arrivé depuis 1 700 ans dans l’Italie et dans quelques contrées de l’Orient, comme une exception à cette règle générale. On nous dit que l’Italie était mieux cultivée du

  1. Histoire de l’ancienne astronomie, par M. Bailly.