Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome II, partie 1.pdf/205

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cassini s’en rapporte, comme on voit, à Josèphe, et Josèphe avait pour garants les historiographes égyptiens, babyloniens, phéniciens et grecs, Manéthon, Bérose, Mochus, Hestiëus, Jérôme l’Égyptien, Hésiode, Hécatée, etc., dont les écrits pouvaient subsister et subsistaient vraisemblablement de son temps.

Or, cela posé, et quoi qu’on puisse opposer au témoignage de ces auteurs, M. de Mairan dit avec raison que l’incompétence des juges ou des témoins ne saurait avoir lieu ici. Le fait dépose par lui-même son authenticité : il suffit qu’une semblable période ait été nommée ; il suffit qu’elle ait existé, pour qu’on soit en droit d’en conclure qu’il aura donc aussi existé des siècles d’observations et en grand nombre qui l’ont précédée ; que l’oubli dont elle fut suivie est aussi bien ancien : car on doit regarder comme temps d’oubli tout celui où l’on a ignoré la justesse de cette période, et où l’on a dédaigné d’en approfondir les éléments et de s’en servir pour rectifier la théorie des mouvements célestes, et où l’on s’est avisé d’y en substituer de moins exactes. Donc si Hipparque, Méton, Pythagore, Thalès et tous les anciens astronomes de la Grèce ont ignoré la période de six cents ans, on est fondé à dire qu’elle était oubliée non seulement chez les Grecs, mais aussi en Égypte, dans la Phénicie et dans la Chaldée, où les Grecs avaient tous été puiser leur grand savoir en astronomie.


(35) Page 125, ligne 4. Les Chinois, les Brames, non plus que les Chaldéens, les Perses, Égyptiens et les Grecs, n’ont rien reçu du premier peuple qui avait si fort avancé l’astronomie, et les commencements de la nouvelle astronomie sont dus à l’opiniâtre assiduité des observateurs chaldéens, et ensuite aux travaux des Grecs.

Les astronomes et les philosophes grecs avaient puisé en Égypte et aux Indes la plus grande partie de leurs connaissances. Les Grecs étaient donc des gens très nouveaux en astronomie en comparaison des Indiens, des Chinois et des Atlantes, habitants de l’Afrique occidentale ; Uranus et Atlas chez ces derniers peuples, Fo-hi à la Chine, Mercure en Égypte, Zoroastre en Perse, etc.

Les Atlantes, chez qui régnait Atlas, paraissent être les plus anciens peuples de l’Afrique, et beaucoup plus anciens que les Égyptiens. La théogonie des Atlantes, rapportée par Diodore de Sicile, s’est probablement introduite en Égypte, en Éthiopie et en Phénicie dans le temps de cette grande éruption, dont il est parlé dans le Timée de Platon, d’un peuple innombrable qui sortit de l’île Atlantide et se jeta sur une grande partie de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique.

Dans l’occident de l’Asie, dans l’Europe, dans l’Afrique, tout est fondé sur les connaissances des Atlantes, tandis que les peuples orientaux, chaldéens, indiens et chinois n’ont été instruits que plus tard, et ont toujours formé des peuples qui n’ont pas eu relation avec les Atlantes, dont l’irruption est plus ancienne que la première date d’aucun de ces derniers peuples.

Atlas, fils d’Uranus et frère de Saturne, vivait, selon Manéthon et Dicéarque, 3 mille 900 ans avant l’ère chrétienne.

Quoique Diogène Laërce, Hérodote, Diodore de Sicile, Pomponius Mela, etc., donnent à l’âge d’Uranus, les uns 48 mille 860 ans, les autres 23 mille ans, etc., cela n’empêche pas qu’en réduisant ces années à la vraie mesure du temps dont on se servait dans différents siècles chez ces peuples, ces mesures ne reviennent au même, c’est-à-dire à 3 mille 890 ans avant l’ère chrétienne.

Le temps du déluge, selon les Septante, a été 2 mille 256 ans après la création.

L’astronomie a été cultivée en Égypte plus de 3 mille ans avant l’ère chrétienne ; on peut le démontrer par ce que rapporte Ptolémée sur le lever héliaque de Sirius : ce lever de Sirius était très important chez les Égyptiens, parce qu’il annonçait le débordement du Nil.