Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome II, partie 1.pdf/181

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’un bœuf, du poids de 7 livres, tandis que le plus grand os de nos bœufs, qui soutient la corne, ne pèse qu’une livre. Cet os a été donné pour le Cabinet du Roi par M. le comte de Tressan, qui joint au goût et aux talents beaucoup de connaissances en histoire naturelle. 3o Deux os de l’intérieur des cornes d’un bœuf réunis par un morceau de crâne, qui ont été trouvés à 25 pieds de profondeur, dans les couches de tourbes, entre Amiens et Abbeville, et qui m’ont été envoyés pour le Cabinet du Roi : ce morceau pèse 17 livres ; ainsi chaque os de la corne, étant séparé de la portion du crâne, pèse au moins 7 1/2 livres. J’ai comparé les dimensions comme les poids de ces différents os : celui du plus gros bœuf qu’on a pu trouver à la boucherie de Paris, n’avait que 13 pouces de longueur sur 7 pouces de circonférence à la base ; tandis que les deux autres, tirés du sein de la terre, l’un a 24 pouces de longueur sur 12 pouces de circonférence à la base, et l’autre 27 pouces de longueur sur 13 de circonférence. En voilà plus qu’il n’en faut pour démontrer que dans l’espèce du bœuf, comme dans celles de l’hippopotame et de l’éléphant, il y a eu de prodigieux géants.


(23) Page 54, ligne 4. Nous avons des monuments tirés du sein de la terre, et particulièrement du fond des minières de charbon et d’ardoises, qui nous démontrent que quelques-uns des poissons et des végétaux que ces matières contiennent, ne sont pas des espèces actuellement existantes. Sur cela nous observerons, avec M. Lehman, qu’on ne trouve guère des empreintes de plantes dans les mines d’ardoise, à l’exception de celles qui accompagnent les mines de charbon de terre, et qu’au contraire, on ne trouve ordinairement les empreintes de poissons que dans les ardoises cuivreuses. Tome III, page 407.

On a remarqué que les bancs d’ardoise chargés de poissons pétrifiés, dans le comté de Mansfeld, sont surmontés d’un banc de pierres appelées puantes ; c’est une espèce d’ardoise grise qui a tiré son origine d’une eau croupissante, dans laquelle les poissons avaient pourri avant de se pétrifier. Leeberoth, Journal économique, juillet 1752.

M. Hoffmann, en parlant des ardoises, dit que non seulement les poissons que l’on y trouve pétrifiés ont été des créatures vivantes, mais que les couches d’ardoises n’ont été que le dépôt d’une eau fangeuse, qui, après avoir fermenté et s’être pétrifiée, s’était précipitée par couches très minces.

« Les ardoises d’Angers, dit M. Guettard, présentent quelquefois des empreintes de plantes et de poissons, qui méritent d’autant plus d’attention que les plantes auxquelles ces empreintes sont dues, étaient des fucus de mer, et que celles des poissons représentent différents crustacés ou animaux de la classe des écrevisses, dont les empreintes sont plus rares que celles des poissons et des coquillages. Il ajoute qu’après avoir consulté plusieurs auteurs qui ont écrit sur les poissons, les écrevisses et les crabes, il n’a rien trouvé de ressemblant aux empreintes en question, si ce n’est le pou de mer qui y a quelques rapports, mais qui en diffère néanmoins par le nombre de ses anneaux, qui sont au nombre de treize, au lieu que les anneaux ne sont qu’au nombre de sept ou huit dans les empreintes de l’ardoise : les empreintes de poissons se trouvent communément parsemées de matières pyriteuses et blanchâtres. Une singularité, qui ne regarde pas plus les ardoisières d’Angers que celles des autres pays, tombe sur la fréquence des empreintes de poissons et la rareté de celles des coquillages dans les ardoises, tandis qu’elles sont si communes dans les pierres à chaux ordinaires. » Mémoires de l’Académie des sciences, année 1757, page 52.

On peut donner des preuves démonstratives que tous les charbons de terre ne sont composés que de débris de végétaux, mêlés avec du bitume et du soufre, ou plutôt de l’acide vitriolique, qui se fait sentir dans la combustion : on reconnaît les végétaux souvent en grand volume dans les couches supérieures de veines de charbon de terre ; et, à mesure que l’on descend, on voit les nuances de la décomposition de ces mêmes végé-