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(17) Page 44, ligne 37. Il se trouve dans les pays de notre Nord des montagnes entières de fer, c’est-à-dire d’une pierre vitrescible, ferrugineuse, etc. Je citerai pour exemple la mine de fer près de Taberg en Smoland, partie de l’île de Gothland en Suède : c’est l’une des plus remarquables de ces mines, ou plutôt de ces montagnes de fer, qui toutes ont la propriété de céder à l’attraction de l’aimant, ce qui prouve qu’elles ont été formées par le feu : cette montagne est dans un sol de sable extrêmement fin ; sa hauteur est de plus de 100 pieds, et son circuit d’une lieue ; elle est en entier composée d’une matière ferrugineuse très riche, et l’on trouve même du fer natif ; autre preuve qu’elle a éprouvé l’action d’un feu violent ; cette mine étant brisée montre à sa fracture de petites parties brillantes, qui tantôt se croisent et tantôt sont disposées par écailles : les petits rochers les plus voisins sont de roc pur (saxo puro) : on travaille à cette mine depuis environ deux cents ans ; on se sert pour l’exploiter de poudre à canon, et la montagne parait fort peu diminuée, excepté dans les puits qui sont au pied du côté du vallon.

Il paraît que cette mine n’a point de lits réguliers ; le fer n’y est point non plus partout de la même bonté. Toute la montagne a beaucoup de fentes, tantôt perpendiculaires et tantôt horizontales : elles sont toutes remplies de sable qui ne contient aucun fer ; ce sable est aussi pur et de même espèce que celui des bords de la mer ; on trouve quelquefois dans ce sable des os d’animaux et des cornes de cerf ; ce qui prouve qu’il a été amené par les eaux, et que ce n’est qu’après la formation de la montagne de fer par le feu, que les sables en ont rempli les crevasses, et les fentes perpendiculaires et horizontales.

Les masses de mine que l’on tire tombent aussitôt au pied de la montagne, au lieu que dans les autres mines il faut souvent tirer le minéral des entrailles de la terre : on doit concasser et griller cette mine avant de la mettre au fourneau, où on la fond avec la pierre calcaire et du charbon de bois.

Cette colline de fer est située dans un endroit montagneux fort élevé, éloigné de la mer de près de 80 lieues : il paraît qu’elle était autrefois entièrement couverte de sable. Extrait d’un article de l’ouvrage périodique qui a pour titre : Nordische Beitrage, etc. Contribution du Nord pour les progrès de la physique, des sciences et des arts. À Altone, chez David Ifers, 1756.


(18) Page 45, ligne 6. Il se trouve des montagnes d’aimant dans quelques contrées, et particulièrement dans celles de notre Nord. On vient de voir par l’exemple cité dans la note précédente, que la montagne de fer de Taberg s’élève de plus de 400 pieds au-dessus de la surface de la terre. M. Gmelin, dans son Voyage en Sibérie, assure que dans les contrées septentrionales de l’Asie presque toutes les mines des métaux se trouvent à la surface de la terre, tandis que dans les autres pays elles se trouvent profondément ensevelies dans son intérieur. Si ce fait était généralement vrai, ce serait une nouvelle preuve que les métaux ont été formés par le feu primitif, et que le globe de la terre ayant moins d’épaisseur dans les parties septentrionales, ils s’y sont formés plus près de la surface que dans les contrées méridionales.

Le même M. Gmelin a visité la grande montagne d’aimant qui se trouve en Sibérie, chez les Baschkires ; cette montagne est divisée en huit parties, séparées par des vallons : la septième de ces parties produit le meilleur aimant ; le sommet de cette portion de montagne, est formé d’une pierre jaunâtre, qui paraît tenir de la nature du jaspe ; on y trouve des pierres, que l’on prendrait de loin pour du grès, qui pèsent deux mille cinq cents ou trois milliers, mais qui ont toutes la vertu de l’aimant ; quoiqu’elles soient couvertes de mousse, elles ne laissent pas d’attirer le fer et l’acier à la distance de plus d’un pouce : les côtés exposés à l’air ont la plus forte vertu magnétique ; ceux qui sont enfoncés en terre en ont beaucoup moins ; ces parties les plus exposées aux injures de l’air, sont moins dures, et par conséquent moins propres à être armées. Un gros quartier d’aimant de la