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» Les mines de fer se reproduisent peu d’années après avoir été fouillées ; elles ne se trouvent point dans les montagnes à filons, mais dans les montagnes à couches, ou du moins c’est une chose très rare.

» Quant à l’étain natif, il n’en existe point qui ait été produit par la nature sans le secours du feu ; et la chose est aussi très douteuse pour le plomb, quoiqu’on prétende que les grains de plomb de Massel, en Silésie, sont de plomb natif.

» On trouve le mercure vierge et coulant, dans les couches de terre argileuses et grasses, ou dans les ardoises.

» Les mines d’argent qu’on trouve dans les ardoises ne sont pas à beaucoup près aussi riches que celles qui se trouvent dans les montagnes à filons ; ce métal ne se trouve guère qu’en particules déliées, en filets ou en végétations, dans ces couches d’ardoise ou de schistes, mais jamais en grosses mines ; et encore faut-il que ces couches d’ardoise soient voisines des montagnes à filons. Toutes les mines d’argent qui se trouvent dans les couches ne sont pas sous une forme solide et compacte ; toutes les autres mines, qui contiennent de l’argent en abondance, se trouvent dans les montagnes à filons. Le cuivre se trouve abondamment dans les couches d’ardoises, et quelquefois aussi dans les charbons de terre.

» L’étain est le métal qui se trouve le plus rarement répandu dans les couches : le plomb s’y trouve plus communément ; on en rencontre sous la forme de galène, attaché aux ardoises, mais on n’en trouve que très rarement avec les charbons de terre.

» Le fer est presque universellement répandu, et se trouve dans les couches, sous un grand nombre de formes différentes.

» Le cinabre, le cobalt, le bismuth et la calamine, se trouvent aussi assez communément dans les couches. » Lehman, tome III, page 381 et suivantes.

« Les charbons de terre, le jayet, le succin, la terre alumineuse, ont été produits par des végétaux, et surtout par des arbres résineux qui ont été ensevelis dans le sein de la terre, et qui ont souffert une décomposition plus ou moins grande ; car on trouve, au-dessus des mines de charbon de terre, très souvent du bois qui n’est point du tout décomposé, et qui l’est davantage à mesure qu’il est plus enfoncé en terre. L’ardoise, qui sert de toit ou de couverture au charbon, est souvent remplie des empreintes de plantes, qui accompagnent ordinairement les forêts, telles que les fougères, les capillaires, etc. ; ce qu’il y a de remarquable, c’est que ces plantes, dont on trouve les empreintes, sont toutes étrangères, et les bois paraissent aussi des bois étrangers. Le succin, qu’on doit regarder comme une résine végétale, renferme souvent des insectes qui, considérés attentivement, n’appartiennent point au climat où on les rencontre présentement : enfin, la terre alumineuse est souvent feuilletée, et ressemble à du bois, tantôt moins décomposé. » Idem, Ibidem.

« Le soufre, l’alun, le sel ammoniac, se trouvent dans les couches formées par les volcans.

» Le pétrole, le naphte, indiquent un feu actuellement allumé sous la terre, qui met, pour ainsi dire, le charbon de terre en distillation : on a des exemples de ces embrasements souterrains, qui n’agissent qu’en silence dans des mines de charbon de terre, en Angleterre et en Allemagne, lesquelles brûlent depuis très longtemps sans explosion, et c’est dans le voisinage de ces embrasements souterrains qu’on trouve les eaux chaudes thermales.

» Les montagnes qui contiennent des filons ne renferment point de charbon de terre, ni des substances bitumeuses et combustibles ; ces substances ne se trouvent jamais que dans les montagnes à couches. » Notes sur Lehman, par M. le baron d’Holbach, tome III, page 435.