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(12) Page 32, ligne 15. La terre est élevée sous l’équateur et abaissée sous les pôles, dans la proportion juste et précise qu’exigent les lois de la pesanteur, combinées avec celles de la force centrifuge. J’ai supposé, dans mon Traité de la formation des planètes, que la différence des diamètres de la terre était dans le rapport de 174 à 175, d’après la détermination faite par nos mathématiciens envoyés en Laponie et au Pérou ; mais comme ils ont supposé une courbe régulière à la terre, j’ai averti, page 165, que cette supposition était hypothétique, et par conséquent je ne me suis point arrêté à cette détermination. Je pense donc qu’on doit préférer le rapport de 229 à 230, tel qu’il a été déterminé par Newton, d’après sa théorie et les expériences du pendule, qui me paraissent être bien plus sûres que les mesures. C’est par cette raison que, dans les Mémoires de la partie hypothétique, j’ai toujours supposé que le rapport des deux diamètres du sphéroïde terrestre était de 229 à 230. M. le docteur Irving, qui a accompagné M. Phipps dans son voyage au Nord en 1773, a fait des expériences très exactes sur l’accélération du pendule au 79e degré 50 minutes, et il a trouvé que cette accélération était de 72 à 73 secondes en 24 heures, d’où il conclut que le diamètre à l’équateur est à l’axe de la terre comme 212 à 211. Ce savant voyageur ajoute avec raison que son résultat approche de celui de Newton, beaucoup plus que celui de M. de Maupertuis, qui donne le rapport de 178 à 179, et plus aussi que celui de M. Bradley, qui, d’après les observations de M. Campbell, donne le rapport de 200 à 201 pour la différence des deux diamètres de la terre.


(13) Page 39, ligne 1. La mer, sur les côtes voisines de la ville de Caen en Normandie, a construit et construit encore par son flux et reflux, une espèce de schiste composé de lames minces et déliées, et qui se forment journellement par le sédiment des eaux. Chaque marée montante apporte et répand sur tout le rivage un limon impalpable qui ajoute une nouvelle feuille aux anciennes, d’où résulte par la succession des temps un schiste tendre et feuilleté.

NOTES SUR LA SECONDE ÉPOQUE.

(14) Page 41, ligne 13. La roche du globe et les hautes montagnes, dans leur intérieur jusqu’à leur sommet, ne sont composées que de matières vitrescibles. J’ai dit, dans ma Théorie de la terre, « que le globe terrestre pourrait être vide dans son intérieur, ou rempli d’une substance plus dense que toutes celles que nous connaissons, sans qu’il nous fût possible de le démontrer… et qu’à peine pouvions-nous former sur cela quelques conjectures raisonnables. » Mais lorsque j’ai écrit ce Traité de la Théorie de la terre en 1744, je n’étais pas instruit de tous les faits par lesquels on peut reconnaître que la densité du globe terrestre, prise généralement, est moyenne entre les densités du fer, des marbres, des grès, de la pierre et du verre, telle que je l’ai déterminée dans mon premier Mémoire (partie hypothétique) ; je n’avais pas fait alors toutes les expériences qui m’ont conduit à ce résultat ; il me manquait aussi beaucoup d’observations que j’ai recueillies dans ce long espace de temps : ces expériences, toutes faites dans la même vue, et ces observations, nouvelles pour la plupart, ont étendu mes premières idées et m’en ont fait naître d’autres accessoires et même plus élevées ; en sorte que ces conjectures raisonnables, que je soupçonnais dès lors qu’on pouvait former, me paraissent être devenues des inductions très plausibles, desquelles il résulte que le globe de la terre est principalement composé, depuis la surface jusqu’au centre, d’une matière vitreuse un peu plus dense que le verre pur ; la lune, d’une matière aussi dense que la pierre calcaire ; Mars, d’une matière à peu près aussi dense que celle du marbre ; Vénus, d’une matière un peu plus dense que l’émeril ; Mercure, d’une matière un peu plus dense