Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome II, partie 1.pdf/161

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

de l’ivoire de l’éléphant, dont M. Daubenton donne la description dans les termes suivants :

« Lorsqu’une défense d’éléphant est coupée transversalement, on voit au centre, ou à peu près au centre, un point noir qui est appelé le cœur ; mais si la défense a été coupée à l’endroit de sa cavité, il n’y a au centre qu’un trou rond ou ovale : on aperçoit des lignes courbes qui s’étendent en sens contraires, depuis le centre à la circonférence, et qui, se croisant, forment de petits losanges ; il y a ordinairement à la circonférence une bande étroite et circulaire : les lignes courbes se ramifient à mesure qu’elles s’éloignent du centre : et le nombre de ces lignes est d’autant plus grand, qu’elles approchent plus de la circonférence ; ainsi la grandeur des losanges est presque partout à peu près la même : leurs côtés, ou au moins leurs angles, ont une couleur plus vive que l’aire, sans doute parce que leur substance est plus compacte : la bande de la circonférence est quelquefois composée de fibres droites et transversales, qui aboutiraient au centre si elles étaient prolongées ; c’est l’apparence de ces lignes et de ces points que l’on regarde comme le grain de l’ivoire : on l’aperçoit dans tous les ivoires, mais il est plus ou moins sensible dans les différentes défenses ; et parmi les ivoires dont le grain est assez apparent pour qu’on leur donne le nom d’ivoire grenu, il y en a que l’on appelle ivoire à gros grain, pour le distinguer de l’ivoire dont le grain est fin. » Voyez l’Histoire naturelle, à l’article Éléphant, et les Mémoires de l’Académie des sciences, année 1762.


(8) Page 14, ligne 17. Le seul état de captivité aurait réduit ces éléphants au quart ou au tiers de leur grandeur. Cela nous est démontré par la comparaison que nous avons faite du squelette entier d’un éléphant qui est au Cabinet du Roi, et qui avait vécu seize ans dans la ménagerie de Versailles, avec les défenses des autres éléphants dans leur natal : ce squelette et ces défenses, quoique considérables par la grandeur, sont certainement de moitié plus petits pour le volume, que ne le sont les défenses et les squelettes de ceux qui vivent en liberté, soit dans l’Asie, soit en Afrique, et en même temps ils sont au moins de deux tiers plus petits que les ossements de ces mêmes animaux trouvés en Sibérie.


(9) Page 16, ligne 28. On trouve des défenses et des ossements d’éléphants, non seulement en Sibérie, en Russie et au Canada, mais encore en Pologne, en Allemagne, en France, en Italie. Indépendamment de tous les morceaux qui nous ont été envoyés de Russie et de Sibérie, et que nous conservons au Cabinet du Roi, il y en a plusieurs autres dans les cabinets des particuliers de Paris ; il y en a un grand nombre dans le Museum de Pétersbourg, comme on peut le voir dans le catalogue qui en a été imprimé dès l’année 1742 ; il y en a de même dans le Museum de Londres, dans celui de Copenhague, et dans quelques autres collections, en Angleterre, en Allemagne et en Italie ; on a même fait plusieurs ouvrages de tour avec cet ivoire trouvé dans les terres du Nord ; ainsi l’on ne peut douter de la grande quantité de ces dépouilles d’éléphants en Sibérie et en Russie.

M. Pallas, savant naturaliste, a trouvé dans son voyage en Sibérie, ces années dernières, une grande quantité d’ossements d’éléphants, et un squelette entier de rhinocéros, qui n’était enfoui qu’à quelques pieds de profondeur.

« On vient de découvrir des os monstrueux d’éléphants à Swijatoki, à 17 verstes de Pétersbourg ; on les a tirés d’un terrain inondé depuis longtemps. On ne peut donc plus douter de la prodigieuse révolution qui a changé le climat, les productions et les animaux de toutes les contrées de la terre. Ces médailles naturelles prouvent que les pays, dévastés aujourd’hui par la rigueur du froid, ont eu autrefois tous les avantages du midi. » Journal de politique et de littérature, 5 janvier 1776, article de Pétersbourg.