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genus… Talem verò esse globi nostri superficiem (neque enim ultrà penetrare nobis datum) reapse experimur ; omnes enim terræ et lapides igne vitrum reddunt… nobis satis est admoto igne omnia terrestria in vitro finiri. Ipsa magna telluris ossa nudæque illæ rupes atque immortales silices cum tota ferè in vitrum abeant, quid nisi concreta sunt ex fusis olim corporibus et primâ illâ magnâque vi quam in facilem adhuc materiam exercuit ignis naturæ… cum igitur omniaque non avolant in auras, tandem funduntur et speculorum imprimis urentium ope vitri naturam sumant, hinc facilè intelliges vitrum esse velut terræ basin et naturam ejus cæterorum plerumque corporum larvis latere. » G. G. Leibnitii Protogæa. Goettingæ, 1749, pages 4 et 5.


(6) Page 7, ligne 21. Toutes les matières terrestres ont le verre pour base et peuvent être réduites en verre par le moyen du feu. J’avoue qu’il y a quelques matières que le feu de nos fourneaux ne peut réduire en verre, mais, au moyen d’un bon miroir ardent, ces mêmes matières s’y réduiront : ce n’est point ici le lieu de rapporter les expériences faites avec les miroirs de mon invention, dont la chaleur est assez grande pour volatiliser ou vitrifier toutes les matières exposées à leur foyer. Mais il est vrai que jusqu’à ce jour l’on n’a pas encore eu des miroirs assez puissants pour réduire en verre certaines matières du genre vitrescible, telles que le cristal de roche, le silex ou la pierre à fusil ; ce n’est donc pas que ces matières ne soient par leur nature réductibles en verre comme les autres, mais seulement qu’elles exigent un feu plus violent.


(7) Page 14, ligne 9. Les os et les défenses de ces anciens éléphants sont au moins aussi grands et aussi gros que ceux des éléphants actuels. On peut s’en assurer par les descriptions et les dimensions qu’en a données M. Daubenton, à l’article de l’éléphant ; mais depuis ce temps, on m’a envoyé une défense entière et quelques autres morceaux d’ivoire fossile, dont les dimensions excèdent de beaucoup la longueur et la grosseur ordinaire des défenses de l’éléphant ; j’ai même fait chercher chez tous les marchands de Paris qui vendent de l’ivoire : on n’a trouvé aucune défense comparable à celle-ci, et il ne s’en est trouvé qu’une seule, sur un très grand nombre, égale à celles qui nous sont venues de Sibérie, dont la circonférence est de 19 pouces à la base. Les marchands appellent ivoire cru celui qui n’a pas été dans la terre, et que l’on prend sur les éléphants vivants ou qu’on trouve dans les forêts avec les squelettes récents de ces animaux ; et ils donnent le nom d’ivoire cuit à celui qu’on tire de la terre, et dont la qualité se dénature plus ou moins par un plus ou moins long séjour, ou par la qualité plus ou moins active des terres où il a été renfermé. La plupart des défenses qui nous sont venues du Nord sont encore d’un ivoire très solide, dont on pourrait faire de beaux ouvrages ; les plus grosses nous ont été envoyées par M. de l’Isle, astronome, de l’Académie royale des sciences : il les a recueillies dans son voyage en Sibérie. Il n’y avait dans tous les magasins de Paris qu’une seule défense d’ivoire cru qui eût 19 pouces de circonférence ; toutes les autres étaient plus menues : cette grosse défense avait 6 pieds 1 pouce de longueur, et il paraît que celles qui sont au Cabinet du Roi, et qui ont été trouvées en Sibérie, avaient plus de 6 pieds lorsqu’elles étaient entières ; mais comme les extrémités en sont tronquées, on ne peut en juger qu’à peu près.

Et si l’on compare les os fémurs, trouvés de même dans les terres du Nord, on s’assurera qu’ils sont au moins aussi longs et considérablement plus épais que ceux des éléphants actuels.

Au reste, nous avons, comme je l’ai dit, comparé exactement les os et les défenses qui nous sont venus de Sibérie aux os et aux défenses d’un squelette d’éléphant, et nous avons reconnu évidemment que tous ces ossements sont des dépouilles de ces animaux. Les défenses venues de Sibérie ont non seulement la figure, mais aussi la vraie structure