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nier temps de ces 3 1/4 périodes, on a 34261/676/66032 ou 50 5/6/66032, qui, multipliés par 12 1/2, moitié de la somme de tous les termes de la diminution de la chaleur, donnent 635/66032 pour la compensation totale, par la chaleur du soleil, pendant les 3 1/4 périodes de 21 621 ans chacune. Et comme la diminution totale de la chaleur est à la compensation totale en même raison que le temps total des périodes est à celui du prolongement du refroidissement, on aura 25 : 635/66032 : : 70 268 1/4 : 27. Ainsi le prolongement total qu’a fait la chaleur du soleil n’a été que de 27 ans, qu’il faut ajouter aux 70 268 ans 1/4 ; d’où l’on voit que ç’a été dans l’année 70 296 de la formation des planètes, c’est-à-dire il y a 4 536 ans, que ce quatrième satellite de Jupiter jouissait de la même température dont jouit aujourd’hui la terre ; et de même que ce ne sera que dans le double du temps, c’est-à-dire dans l’année 140 592 de la formation des planètes, que sa température sera refroidie au point extrême de 1/25 de la température actuelle de la terre.

Faisons maintenant les mêmes recherches sur les temps respectifs du refroidissement des satellites de Saturne, et du refroidissement de son anneau. Ces satellites sont à la vérité si difficiles à voir, que leurs grandeurs relatives ne sont pas bien constatées ; mais leurs distances à leur planète principale sont assez bien connues, et il paraît par les observations des meilleurs astronomes, que le satellite le plus voisin de Saturne est aussi le plus petit de tous ; que le second n’est guère plus gros que le premier, le troisième un peu plus grand ; que le quatrième parait le plus grand de tous, et qu’enfin le cinquième paraît tantôt plus grand que le troisième, et tantôt plus petit ; mais cette variation de grandeur dans ce dernier satellite n’est probablement qu’une apparence dépendante de quelques causes particulières qui ne changent pas sa grandeur réelle, qu’on peut regarder comme égale à celle du quatrième, puisqu’on l’a vu quelquefois surpasser le troisième.

Nous supposerons donc que le premier, et le plus petit de ces satellites, est gros comme la lune ; le second, grand comme Mercure ; le troisième grand comme Mars ; le quatrième et le cinquième, grands comme la terre ; et prenant les distances respectives de ces satellites à leur planète principale, nous verrons que le premier est environ à 66 mille 900 lieues de distance de Saturne ; le second à 85 mille 450 lieues, ce qui est à peu près la distance de la lune à la terre ; le troisième à 120 mille lieues ; le quatrième à 278 mille lieues, et le cinquième à 808 mille lieues, tandis que le satellite le plus éloigné de Jupiter n’en est qu’à 398 mille lieues.

Saturne a donc une vitesse de rotation plus grande que celle de Jupiter, puisque dans l’état de liquéfaction, sa force centrifuge a projeté des parties de sa masse à plus du double de la distance à laquelle la force centrifuge de Jupiter a projeté celles qui forment son satellite le plus éloigné.

Et ce qui prouve encore que cette force centrifuge, provenant de la vitesse de rotation, est plus grande dans Saturne que dans Jupiter, c’est l’anneau dont il est environné, et qui, quoique fort mince, suppose une projection de matière encore bien plus considérable que celle des cinq satellites pris ensemble. Cet anneau concentrique à la surface de l’équateur de Saturne, n’en est éloigné que d’environ 55 mille lieues ; sa forme est celle d’une zone assez large, un peu courbée sur le plan de sa largeur, qui est d’environ un tiers du diamètre de Saturne, c’est-à-dire de plus de 9 mille lieues ; mais cette zone de 9 mille lieues de largeur, n’a peut-être pas 100 lieues d’épaisseur, car lorsque l’anneau ne nous présente exactement que sa tranche, il ne réfléchit pas assez de lumière pour qu’on puisse l’apercevoir avec les meilleures lunettes ; au lieu qu’on l’aperçoit pour peu qu’il s’incline ou se redresse, et qu’il découvre en conséquence une petite partie de sa largeur : or cette largeur vue de face, étant de 9 mille lieues, ou plus exactement de 9 mille 110 lieues, serait d’environ 4 mille 555 lieues, vue sous l’angle de 45 degrés, et par conséquent