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égale à la chaleur propre de cette planète, quoique à la fin de cette troisième période elle aura perdu de sa chaleur propre, au point d’être refroidie à 1/625 de la température actuelle de la terre. Mais ce moment se trouvera au septième terme 11/50 de la quatrième période, qui, multiplié par 5 232 ans 6/25, nombre des années de chaque terme de ces périodes de 131 806 ans, donne 37 776 ans 19/23, lesquels étant ajoutés aux trois premières périodes, dont la somme est 392 418 ans, font 430 194 ans 19/23. D’où l’on voit que ce ne sera que dans l’année 430 195 de la formation des planètes que la chaleur du soleil se trouvera égale à la chaleur propre de Saturne.

Les périodes des temps du refroidissement de la terre et des planètes sont donc dans l’ordre suivant :

REFROIDIES
à la température actuelle.
REFROIDIES À 1/25
de la température actuelle.
La Terre
en 074832 ans.
En
168123 ans.
La lune
en 016409 ans.
En
072513 ans.
Mercure
en 054192 ans.
En
187765 ans.
Vénus
en 091643 ans.
En
228540 ans.
Mars
en 028538 ans.
En
060326 ans.
Jupiter
en 240451 ans.
En
483121 ans.
Saturne
en 130821 ans.
En
262020 ans.

On voit, en jetant un coup d’œil sur ces rapports, que, dans notre hypothèse, la lune et Mars sont actuellement les planètes les plus froides ; que Saturne, et surtout Jupiter, sont les plus chaudes ; que Vénus est encore bien plus chaude que la terre, et que Mercure, qui a commencé depuis longtemps à jouir d’une température égale à celle dont jouit aujourd’hui la terre, est encore actuellement et sera pour longtemps au degré de chaleur qui est nécessaire pour le maintien de la nature vivante, tandis que la lune et Mars sont gelés depuis longtemps, et par conséquent impropres depuis ce même temps à l’existence des êtres organisés.

Je ne peux quitter ces grands objets sans rechercher encore ce qui s’est passé et se passera dans les satellites de Jupiter et de Saturne, relativement au temps du refroidissement de chacun en particulier. Les astronomes ne sont pas absolument d’accord sur la grandeur relative de ces satellites ; et, pour ne parler d’abord que de ceux de Jupiter, Whiston a prétendu que le troisième de ses satellites était le plus grand de tous, et il l’a estimé de la même grosseur à peu près que le globe terrestre ; ensuite il dit que le premier est un peu plus gros que Mars, le second un peu plus grand que Mercure, et que le quatrième n’est guère plus grand que la lune. Mais notre plus illustre astronome (Dominique Cassini) a jugé au contraire que le quatrième satellite était le plus grand de tous[1]. Plusieurs causes concourent à cette incertitude sur la grandeur des satellites de Jupiter et de Saturne : j’en indiquerai quelques-unes dans la suite, mais je me dispenserai d’en faire ici l’énumération et la discussion, ce qui m’éloignerait trop de mon sujet ; je me contenterai de dire qu’il me paraît plus que probable que les satellites les plus éloignés de leur planète principale sont réellement les plus grands, de la même manière que les planètes les plus éloignées du soleil sont aussi les plus grosses. Or, les distances des quatre satellites de Jupiter, à commencer par le plus voisin, qu’on appelle le premier, sont à très peu près

  1. Voyez l’Astronomie de M. de Lalande, art. 2381.