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sulfureuses si bien caractérisées, qu’il ne douta plus de l’ancienne existence de ces volcans éteints aujourd’hui[1].

M. Valmont de Bomare a observé, dans le territoire de Cologne, les vestiges de plusieurs volcans éteints.

Je pourrais citer un très grand nombre d’autres exemples qui tous concourent à prouver que le nombre des volcans éteints est peut-être cent fois plus grand que celui des volcans actuellement agissants, et l’on doit observer qu’entre ces deux états, il y a, comme dans tous les autres effets de la nature, des états mitoyens, des degrés et des nuances dont on ne peut saisir que les principaux points. Par exemple, les solfatares ne sont ni des volcans agissants ni des volcans éteints, et semblent participer des deux. Personne ne les a mieux décrites qu’un de nos savants académiciens, M. Fougeroux de Bondaroy, et je vais rapporter ici ses principales observations.

« La solfatare située à quatre milles de Naples, à l’ouest, et à deux milles de la mer, est fermée par des montagnes qui l’entourent de tous côtés. Il faut monter pendant environ une demi-heure avant que d’y arriver. L’espace compris entre les montagnes forme un bassin d’environ 1 200 pieds de longueur sur 800 pieds de largeur. Il est dans un fond par rapport à ces montagnes, sans cependant être aussi bas que le terrain qu’on a été obligé de traverser pour y arriver. La terre, qui forme le fond de ce bassin, est un sable très fin, uni et battu ; le terrain est sec et aride, les plantes n’y croissent point ; la couleur du sable est jaunâtre… Le soufre qui s’y trouve en grande quantité, réuni avec ce sable, sert sans doute à le colorer.

» Les montagnes qui terminent la plus grande partie du bassin, n’offrent que des rochers dépouillés de terre et de plantes ; les uns fendus, dont les parties sont brûlées et calcinées, et qui tous n’offrent aucun arrangement et n’ont aucun ordre dans leur position… Ils sont recouverts d’une plus ou moins grande quantité de soufre qui se sublime dans cette partie de la montagne, et dans celle du bassin qui en est proche.

» Le côté opposé… offre un meilleur terrain… aussi n’y voit-on pas de fourneaux pareils à ceux dont nous allons parler, et qui se trouvent communément dans la partie que l’on vient de décrire.

» Dans plusieurs endroits du fond du bassin, on voit des ouvertures, des fenêtres ou des bouches d’où il sort de la fumée, accompagnée d’une chaleur qui brûlerait vivement les mains, mais qui n’est pas assez grande pour allumer du papier…

» Les endroits voisins donnent une chaleur qui se fait sentir à travers les souliers, et il s’en exhale une odeur de soufre désagréable… ; si l’on fait entrer dans le terrain un morceau de bois pointu, il sort aussitôt une vapeur, une fumée pareille à celle qu’exhalent les fentes naturelles…

» Il se sublime, par les ouvertures, du soufre en petite quantité, et un sel connu sous le nom de sel ammoniac, et qui en a les caractères…

» On trouve, sur plusieurs des pierres qui environnent la solfatare, des filets d’alun qui y a fleuri naturellement… Enfin on retire encore du soufre de la solfatare… : cette substance est contenue dans des pierres de couleur grisâtre, parsemées de parties brillantes, qui dénotent celles du soufre cristallisées entre celles de la pierre… ; et ces pierres sont aussi quelquefois chargées d’alun…

» En frappant du pied dans le milieu du bassin, on reconnaît aisément que le terrain en est creux en dessous.

» Si l’on traverse le côté de la montagne le plus garni de fourneaux et qu’on la descende, on trouve des laves, des pierres ponces, des écumes de volcan, etc. ; enfin, tout

  1. Lettre de M. Villet à M. de Buffon. Marseille, le 8 mai 1775.