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d’une quantité prodigieuse de roches criblées d’une infinité de trous, de pierres calcaires et fort légères, dont un grand nombre ressemble à du laitier ; quelques-unes sont recouvertes d’un vernis blanc sale, tirant sur le vert ; il y a aussi beaucoup de pierres ponces[1]. »

Le célèbre Cook dit que, dans une excursion que l’on fit dans l’intérieur de l’île d’Otahiti, on trouva que les rochers avaient été brûlés comme ceux de Madère, et que toutes les pierres portaient des marques incontestables du feu ; qu’on aperçoit aussi des traces de feu dans l’argile qui est sur les collines ; et que l’on peut supposer qu’Otahiti et nombre d’îles voisines sont les débris d’un continent qui a été englouti par l’explosion d’un feu souterrain[2]. Philippe Carteret dit qu’une des îles de la Reine-Charlotte, située vers le 11° 10′ de latitude sud, est d’une hauteur prodigieuse et d’une figure conique, que son sommet a la forme d’un entonnoir, dont on voit sortir de la fumée, mais point de flammes, et que sur le côté le plus méridional de la terre de la Nouvelle-Bretagne se trouvent trois montagnes, de l’une desquelles il sort une grosse colonne de fumée[3].

L’on trouve des basaltes à l’île de Bourbon, où le volcan, quoique affaibli, est encore agissant ; à l’île de France, où tous les feux sont éteints ; à Madagascar, où il y a des volcans agissants et d’autres éteints. Mais, pour ne parler que des basaltes qui se trouvent en Europe, on sait, à n’en pouvoir douter, qu’il y en a des masses considérables en Irlande, en Angleterre, en Auvergne, en Saxe sur les bords de l’Elbe, en Misnie sur la montagne de Cottener, à Marienbourg, à Weilbourg, dans le comté de Nassau, à Lauterbach, à Bitlstein, dans plusieurs endroits de la Hesse, dans la Lusace, dans la Bohême, etc. Ces basaltes sont les plus belles laves qu’aient produites les volcans qui sont actuellement éteints dans toutes ces contrées ; mais nous nous contenterons de donner ici l’extrait des descriptions détaillées des volcans éteints qui se trouvent en France.

« Les montagnes d’Auvergne, dit M. Guettard, qui ont été, à ce que je crois, autrefois des volcans…, sont celles de Volvic à deux lieues de Riom, du Puy-de-Dôme proche Clermont, et du mont d’Or. Le volcan de Volvic a formé par ses laves différents lits posés les uns sur les autres, qui composent ainsi des masses énormes, dans lesquelles on a pratiqué des carrières qui fournissent de la pierre à plusieurs endroits assez éloignés de Volvic… Ce fut à Moulins que je vis les laves pour la première fois… ; et, étant à Volvic, je reconnus que la montagne n’était presque qu’un composé de différentes matières qui sont jetées dans les éruptions des volcans…

» La figure de cette montagne est conique ; sa base est formée par des rochers de granite gris-blanc ou d’une couleur de rose pâle… ; le reste de la montagne n’est qu’un amas de pierres ponces, noirâtres ou rougeâtres, entassées les unes sur les autres, sans ordre ni liaison… ; aux deux tiers de la montagne, on rencontre des espèces de rochers irréguliers, hérissés de pointes informes contournées en tout sens, de couleur rouge obscur, ou d’un noir sale et mat, et d’une substance dure et solide, sans avoir de trous comme les pierres ponces… ; avant d’arriver au sommet, on trouve un trou large de quelques toises, d’une forme conique, et qui approche d’un entonnoir… La partie de la montagne qui est au nord et à l’est m’a paru n’être que de pierres ponces… ; les bancs de pierres de Volvic suivent l’inclinaison de la montagne, et semblent se continuer sur cette montagne et avoir communication avec ceux que les ravins mettent à découvert un peu au-dessous du sommet… : ces pierres sont d’un gris de fer qui semble se charger d’une fleur blanche, qu’on dirait en sortir comme une efflorescence ; elles sont dures, quoique spongieuses et remplies de petits trous irréguliers.

  1. Mémoires de l’Académie des sciences, année 1754, p. 111, 121 et 126.
  2. Voyage autour du monde, par le capitaine Cook, t. II, p. 431.
  3. Voyage autour du monde, par Philippe Carteret, t. Ier, p. 250 et 275.