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stancié, ou du moins ce n’est pas son objet principal, et il faut réserver ces détails pour servir de mémoires sur l’anatomie comparée.

Ce plan général doit être suivi et rempli avec toute l’exactitude possible, et pour ne pas tomber dans une répétition trop fréquente du même ordre, pour éviter la monotonie du style, il faut varier la forme des descriptions et changer le fil de l’histoire, selon qu’on le jugera nécessaire ; de même pour rendre les descriptions moins sèches, y mêler quelques faits, quelques comparaisons, quelques réflexions sur les usages des différentes parties, en un mot, faire en sorte qu’on puisse vous lire sans ennui aussi bien que sans contention.

À l’égard de l’ordre général et de la méthode de distribution des différents sujets de l’histoire naturelle, on pourrait dire qu’il est purement arbitraire, et dès lors on est assez le maître de choisir celui qu’on regarde comme le plus commode ou le plus communément reçu ; mais avant que de donner les raisons qui pourraient déterminer à adopter un ordre plutôt qu’un autre, il est nécessaire de faire encore quelques réflexions, par lesquelles nous tâcherons de faire sentir ce qu’il peut y avoir de réel dans les divisions que l’on a faites des productions naturelles.

Pour le reconnaître il faut nous défaire un instant de tous nos préjugés, et même nous dépouiller de nos idées. Imaginons un homme qui a en effet tout oublié ou qui s’éveille tout neuf pour les objets qui l’environnent, plaçons cet homme dans une campagne où les animaux, les oiseaux, les poissons, les plantes, les pierres se présentent successivement à ses yeux. Dans les premiers instants cet homme ne distinguera rien et confondra tout ; mais laissons ses idées s’affermir peu à peu par des sensations réitérées des mêmes objets ; bientôt il se formera une idée générale de la matière animée, il la distinguera aisément de la matière inanimée, et peu de temps après il distinguera très bien la matière animée de la matière végétative, et naturellement il arrivera à cette première grande division, animal, végétal et minéral ; et comme il aura pris en même temps une idée nette de ces grands objets si différents, la terre, l’air et l’eau, il viendra en peu de temps à se former une idée particulière des animaux qui habitent la terre, de ceux qui demeurent dans l’eau, et de ceux qui s’élèvent dans l’air, et par conséquent il se fera aisément à lui-même cette seconde division, animaux quadrupèdes, oiseaux, poissons ; il en est de même dans le règne végétal, des arbres et des plantes, il les distinguera très bien, soit par leur grandeur, soit par leur substance, soit par leur figure. Voilà ce que la simple inspection doit nécessairement lui donner, et ce qu’avec une très légère attention il ne peut manquer de reconnaître ; c’est là aussi ce que nous devons regarder comme

    faut étudier les mœurs de l’individu aux différentes époques de son existence. C’est seulement à l’aide de cette étude complète qu’il sera possible d’établir la filiation des innombrables organismes soumis à l’étude du naturaliste.