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il est noyé d’eau ; il a après lui un banc de fausse glaise bleuâtre, c’est-à-dire d’une terre glaiseuse mêlée de sable ; l’épaisseur de ce banc peut avoir deux pieds ; celui qui le suit est au moins de cinq, et d’une glaise noire, lisse, dont les cassures sont brillantes presque comme du jayet ; et enfin cette glaise noire est suivie de la glaise bleue, qui forme un banc de cinq à six pieds d’épaisseur. Dans ces différentes glaises on trouve des pyrites blanchâtres d’un jaune pâle et de différentes figures… L’eau qui se trouve au-dessous de toutes ces glaises, empêche de pénétrer plus avant…

» Le terrain des carrières du canton de Moxouris, au haut du faubourg Saint-Marceau, est disposé de la manière suivante :

Pieds. Pouces.
»01oLa terre labourable, d’une pied d’épaisseur. 01 »
»02oLe tuf, deux toises. 12 »
»03oLe sable, deux à trois toises. 18 »
»04oDes terres jaunâtres, de deux toises. 12 »
»05oLe tripoli, c’est-à-dire des terres blanches, grasses, fermes, qui se durcissent au soleil et qui marquent, comme de la craie, de quatre à cinq toises. 30 »
»06oDu cailloutage, ou mélange de sable gras, de deux toises. 12 »
»07oDe la roche ou rochette, depuis un pied jusqu’à deux. 02 »
»08oUne espace de bas-appareil ou qui a peu de hauteur, d’un pied jusqu’à deux. 02 »
»09oDeux moyes de banc blanc, de chacun six, sept à huit pouces. 01 »
»10oLe souchet, de dix-huit pouces jusqu’à vingt, en y comprenant son bousin. 01 6
»11oLe banc franc, depuis quinze, dix-huit, jusqu’à trente pouces. 01 6
»12oLe Liais férault, de dix à douze pouces. 01 »
»13oLe banc vert, d’un pied jusqu’à vingt pouces. 01 6
»14oLes lambourdes, qui forment deux bancs, un de dix-huit pouces et l’autre de deux pieds. 03 6
»15oPlusieurs petits bancs de lambourdes bâtardes ou moins bonnes que les lambourdes ci-dessus ; ils précèdent la nappe d’eau ordinaire des puits : cette nappe est celle que ceux qui fouillent la terre à pots sont obligés de passer pour tirer cette terre ou glaise à poterie, laquelle est entre deux eaux, c’est-à-dire entre cette nappe dont je viens de parler…, et une autre beaucoup plus considérable, qui est au-dessous.
En tout 
99 »[1]


Au reste, je ne rapporte cet exemple que faute d’autres, car on voit combien il laisse d’incertitudes sur la nature des différentes terres. On ne peut donc trop exhorter les observateurs à désigner plus exactement la nature des matières dont ils parlent, et à distinguer au moins celles qui sont vitrescibles ou calcaires, comme dans l’exemple suivant.

Le sol de la Lorraine est partagé en deux grandes zones toutes différentes et bien distinctes : l’orientale, que couvre la chaîne des Vosges, montagnes primitives, toutes composées de matières vitrifiables et cristallisées, granits, porphyres, jaspes et quartz, jetés par blocs et par groupes, et non par lits et par couches. Dans toute cette chaîne on ne trouve pas le moindre vestige de productions marines, et les collines qui en dérivent sont de sable vitrifiable. Quand elles finissent, et sur une lisière suivie dans toute la ligne de leur chute, commence l’autre zone toute calcaire, toute en couches horizontales, toute remplie ou plutôt formée de corps marins. (Note communiquée à M. de Buffon par M. l’abbé Bexon, le 15 mars 1777.).

Les bancs et les lits de terre du Pérou sont parfaitement horizontaux, et se répondent

  1. Mémoires de l’Académie des sciences, année 1756.