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autre encore plus grand dans la Nouvelle-Espagne, à 25 lieues de distance ou environ de la côte de la baie de Campêche, et un autre plus petit dans la même contrée près des côtes de la mer du Sud : quelques voyageurs ont prétendu qu’il y avait dans l’intérieur des terres de la Guyane un très grand lac de cette espèce ; ils l’ont appelé le lac d’Or ou le lac Parime, et ils ont raconté des merveilles de la richesse des pays voisins et de l’abondance des paillettes d’or qu’on trouvait dans l’eau de ce lac ; ils donnent à ce lac une étendue de plus de 400 lieues de longueur, et de plus de 125 de largeur ; il n’en sort, disent-ils, aucun fleuve et il n’y en entre aucun : quoique plusieurs géographes aient marqué ce grand lac sur leurs cartes, il n’est pas certain qu’il existe, et il l’est encore bien moins qu’il existe tel qu’ils nous le représentent.

Mais les lacs les plus ordinaires et les plus communément grands sont ceux qui, après avoir reçu un autre fleuve, ou plusieurs petites rivières, donnent naissance à d’autres grands fleuves : comme le nombre de ces lacs est fort grand, je ne parlerai que des plus considérables, ou de ceux qui auront quelque singularité. En commençant par l’Europe, nous avons en Suisse le lac de Genève, celui de Constance, etc. ; en Hongrie, celui de Balaton ; en Livonie, un lac qui est assez grand et qui sépare les terres de cette province de celles de la Moscovie ; en Finlande, le lac Lapwert qui est fort long et qui se divise en plusieurs bras, le lac Oula qui est de figure ronde ; en Moscovie le lac Ladoga qui a plus de 25 lieues de longueur sur plus de 12 de largeur, le lac Onéga qui est aussi long, mais moins large, le lac Ilmen, celui de Bélozéro d’où sort l’une des sources du Volga, l’Iwan-Osero duquel sort l’une des sources du Don ; deux autres lacs dont le Vitzogada tire son origine ; en Laponie le lac dont sort le fleuve de Kimi, un autre beaucoup plus grand qui n’est pas éloigné de la côte de Wardhus, plusieurs autres desquels sortent les fleuves de Lula, de Pitha, d’Uma qui tous ne sont pas fort considérables ; en Norvège deux autres à peu près de même grandeur que ceux de Laponie ; en Suède le lac Véner, qui est grand, aussi bien que le lac Méler sur lequel est situé Stockholm, deux autres lacs moins considérables, dont l’un est près d’Elvédal et l’autre de Lincopin.

Dans la Sibérie et dans la Tartarie moscovite et indépendante, il y a un grand nombre de ces lacs, dont les principaux sont le grand lac Baraba qui a plus de 100 lieues de longueur, et dont les eaux tombent dans l’Irtis ; le grand lac Estraguel à la source du même fleuve Irtis ; plusieurs autres moins grands à la source du Jénisca ; le grand lac Kita à la source de l’Oby ; un autre grand lac à la source de l’Angara, le lac Baïcal qui a plus de 70 lieues de longueur, et qui est formé par le même fleuve Angara ; le lac Péhu d’où sort le fleuve Urack, etc. ; à la Chine et dans la Tartarie chinoise le lac Dalai d’où sort la grosse rivière d’Argus qui tombe dans le fleuve Amour ; le lac des Trois-Montagnes d’où sort la rivière Hélum qui tombe dans le même fleuve Amour ; les lacs de Cinhal, de Cokmor et de Sorama, desquels sortent les sources du fleuve Hoanho ; deux autres grands lacs voisins du fleuve de Nankin, etc. ; dans le Tonquin le lac de Guadag qui est considérable ; dans l’Inde le lac Chiamat d’où sort le fleuve Laquia et qui est voisin des sources du fleuve Ava, du Longenu, etc. : ce lac a plus de 40 lieues de largeur sur 50 de longueur ; un autre lac à l’origine du Gange, un autre près de Cachemire à l’une des sources du fleuve Indus, etc.

En Afrique, on a le lac Cayar et deux ou trois autres qui sont voisins de l’embouchure du Sénégal, le lac de Guarde et celui de Sigismes, qui tous deux ne font qu’un même lac de forme presque triangulaire, qui a plus de 100 lieues de longueur sur 75 de largeur, et qui contient une île considérable : c’est dans ce lac que le Niger perd son nom, et au sortir de ce lac qu’il traverse, on l’appelle Sénégal ; dans le cours du même fleuve, en remontant vers la source, on trouve un autre lac considérable qu’on appelle le lac Bournou, où le Niger quitte encore son nom, car la rivière qui y arrive s’appelle Gambaru ou Gombarow. En Éthiopie, aux sources du Nil, est le grand lac Gambéa qui a plus