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ARTICLE VI

GÉOGRAPHIE.



La surface de la terre n’est pas, comme celle de Jupiter, divisée par bandes alternatives et parallèles à l’équateur ; au contraire, elle est divisée d’un pôle à l’autre par deux bandes de terre et deux bandes de mer ; la première et principale bande est l’ancien continent dont la plus grande longueur se trouve être en diagonale avec l’équateur, et qu’on doit mesurer en commençant au nord de la Tartarie la plus orientale, de là à la terre qui avoisine le golfe de Linchidolin, où les Moscovites vont pêcher des baleines, de là à Tobolsk, de Tobolsk à la mer Caspienne, de la mer Caspienne à La Mecque, de La Mecque à la partie occidentale du pays habité par le peuple de Galles en Afrique, ensuite au Monoemugi, au Monomotapa, et enfin au cap de Bonne-Espérance. Cette ligne, qui est la plus grande longueur de l’ancien continent, est d’environ 3 600 lieues ; elle n’est interrompue que par la mer Caspienne et par la mer Rouge, dont les largeurs ne sont pas considérables, et on ne doit pas avoir égard à ces petites interruptions lorsque l’on considère, comme nous le faisons, la surface du globe divisée seulement en quatre parties.

Cette plus grande longueur se trouve en mesurant le continent en diagonale ; car, si on le mesure au contraire suivant les méridiens, on verra qu’il n’y a que 2 580 lieues depuis le cap Nord de Laponie jusqu’au cap de Bonne-Espérance, et qu’on traverse la mer Baltique dans sa longueur et la mer Méditerranée dans toute sa largeur, ce qui fait une bien moindre longueur et de plus grandes interruptions que par la première route ; à l’égard de toutes les autres distances qu’on pourrait mesurer dans l’ancien continent sous les mêmes méridiens, on les trouvera encore beaucoup plus petites que celle-ci, n’y ayant, par exemple, que 1 800 lieues depuis la pointe méridionale de l’île de Ceylan jusqu’à la côte septentrionale de la Nouvelle-Zemble. De même, si on mesure le continent parallèlement à l’équateur, on trouvera que la plus grande longueur sans interruption se trouve depuis la côte occidentale de l’Afrique à Trefana, jusqu’à Ningpo sur la côte orientale de la Chine, et qu’elle est environ de 2 800 lieues ; qu’une autre longueur sans interruption peut se mesurer depuis la pointe de la Bretagne à Brest jusqu’à la côte de la Tartarie chinoise, et qu’elle est environ de 2 300 lieues ; qu’en mesurant depuis Bergen en Norvège jusqu’à la côte de Kamtschatka, il n’y a plus que 1 800 lieues. Toutes ces lignes ont, comme l’on voit, beaucoup moins de longueur que la première. Ainsi la plus grande étendue de l’ancien continent est en effet depuis le cap oriental de la Tartarie la plus septentrionale jusqu’au cap de Bonne-Espérance, c’est-à-dire de 3600. (Voyez la première carte de Géographie.)

Cette ligne peut être regardée comme le milieu de la bande de terre qui compose l’ancien continent ; car, en mesurant l’étendue de la surface du terrain des deux côtés de cette ligne, je trouve qu’il y a dans la partie qui est à gauche 2 471 092 lieues carrées, et que, dans la partie qui est à droite de cette ligne, il y a 2 469 687 lieues carrées, ce qui est une égalité singulière, et qui doit faire présumer, avec une très grande vraisemblance, que cette ligne est le vrai milieu de l’ancien continent, en même temps qu’elle en est la plus grande longueur.

L’ancien continent a donc en tout environ 4 940 780 lieues carrées, ce qui ne fait pas une cinquième partie de la surface totale du globe ; et on peut regarder ce continent comme une large bande de terre inclinée à l’équateur d’environ 30 degrés.

À l’égard du nouveau continent, on peut le regarder aussi comme une bande de terre,