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tantes aux dunes modernes, restes échappés à l’ensevelissement accompli par ces dernières.

Le mémoire de M. Fleury, précédemment cité, porte à ce sujet : « Le terrain sur lequel elles sont (les forêts de la Teste, de Lacanau et de Biscarosse) est parfaitement le même que celui des dunes et d’après cette égalité entre la nature des fonds, il ne peut rester aucun doute que ceux-là furent autrefois comme sont aujourd’hui les dunes qui les envahissent. Par la même conséquence, il devient évident que cette chaîne de dunes a été dans quelques parties encore plus avancée qu’elles ne sont aujourd’hui sur le plat pays et que les dunes qui existent maintenant se sont formées depuis la fixation des premières. »

Revenons maintenant aux dunes modernes et voyons à quelle époque elles ont dû commencer.

Nous avons dit dans le chapitre premier que ces dunes ont pris naissance, comme les phénomènes d’érosion et d’affaissement, dans les cataclysmes de l’an 580.

D’abord, il y a présomption pour qu’il en soit ainsi. Les dunes maritimes sont, en somme, un appareil littoral, dans la formation duquel la mer a une part d’action plus grande que le vent. L’océan est le générateur, le vent est le moteur. Ces accumulations de sable et les phénomènes de variations des rivages sont connexes. Celles-là ne se forment guère que sur des côtes affectées par ceux-ci. Les dunes des Pays-Bas en sont un exemple et, en France, toutes nos dunes, dans le Pas-de-Calais, en Bretagne, en Vendée et Saintonge, en Gascogne, et sur les côtes de la Méditerranée, se trouvent sur des rivages en mouvement.

Citons encore à ce propos l’éminent auteur du Traité de Géologie : « La liaison de l’œuvre des dunes, dit-il, avec celle de la mer est trop évidente pour que ces deux ordres de choses ne soient pas confondus dans une même étude. Ce n’est plus comme un produit des vents, mais bien à titre d’appareil littoral que les collines de sable mouvant contribuent sous cette forme à l’accroissement des continents. » On conçoit très bien du reste que le même courant marin qui corrode ou accroît un rivage y rejette aussi le sable qu’il charriait. Il est donc logique d’assigner aux dunes du Médoc la même date d’origine qu’aux perturbations des côtes de ce pays, c’est-à-dire la fin du vie siècle.

Les écrits de nos ancêtres et les documents historiques confirment cette opinion.

Avant le vie siècle, il n’est pas question des dunes. Les géographes et naturalistes latins qui nous ont laissé des descriptions assez détaillées de l’Aquitaine sont muets sur les sables mouvants, et certainement le phénomène des dunes est trop remarquable et a trop de conséquences pour qu’ils ne l’eussent pas mentionné, s’il avait existé à leur époque. Ausone, qui vivait au ive siècle (309-394), semble indiquer