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vente les navires capturés. J’étais versé dans toutes les matières commerciales, ainsi que dans la connaissance des denrées coloniales et des produits de manufacture anglaise ; j’étais au fait de l’estimation des navires et de leurs agrès ; je possédais les diverses langues qu’on parle à Malte : l’arabe, le grec, le français et l’italien : tout me faisait donc présager, en m’établissant dans cette île à cette époque, une heureuse carrière commerciale.

Mais lorsque nous arrivâmes en vue du port de la Valette, nous apprîmes que la peste, qu’on n’y connaissait pas depuis plus d’un siècle, y exerçait alors ses ravages avec une telle violence, que le gouverneur s’était vu forcé de défendre, à qui que ce fût, de débarquer, et d’interdire absolument toute communication avec le rivage.

En conséquence, la cargaison destinée pour ce port fut débarquée dans des magasins près de la mer, et les navires firent voile pour d’autres destinations. Celui sur lequel j’étais alla a Smyrne. Pendant le séjour que j’y fis, la prolongation de la peste à Malte me fit essuyer des pertes considérables. Je jetai alors les yeux sur le pays qui m’entourait, pour y chercher les moyens de faire quelque nouvelle entreprise. La réception distinguée qui me fut faite par les consuls anglais livre sur moi l’attention du pacha d’Égypte, Mahomet-Ali. Cet homme extraordinaire commençait alors à pressentir de quel avan-