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234 QUESTIONS DE CRITIQUE aventures ne sont pas ordinaires, comme il a, si l’on peut ainsi dire, la personnalité contagieuse et corn- municative, il reconquiert à l’écrivain le droit de se mettre lui-même en scène, il oblige les lecteurs de la Nouvelle Héloïse à convenir qu’un roman, pour les intéresser, n’a pas besoin d’être autre chose que l’histoire d’une seule passion, il nous fait voir dans ses Confessions que la réalité vaut exactement ce que ^^aut l’œil qui la perçoit, l’àme qui l’épro ve, la / main qui la rend, et ainsi, en même temps qu’il ( élève pour la première fois le roman à la hauteur de

la tragédie même, il rouvre à la poésie moderne les 

sources fermées du lyrisme. On s’est donné beaucoup de mal pour définir le lyrisme des anciens; mais, quant au lyrisme des modernes, ce qu’il est essenliellement, sinon presque /uniquement, c’est, en effet, l’expansion de la person- nalité du poète, ou comme qui dirait encore, la prise j de possession de l’univers par son Moi. En Angleterre, comme en Allemagne et comme en France, c’est de ^j Byron, c’est de Goethe, c’est de Lamartine, c’est de ,,^yQ^d Hugo, c’est de Musset qu’il est vrai de dire qu’il n’y ^’"' a qu’eux dans leurs vers, et que c’est à eux presque " uniquement que l’on s’y intéresse. Ils sont eux-mêmes la matière de leurs chants; et nous ne leur en deman, dons pas davantage. Comparez-les plutôt, pour bien vous en convaincre, à leurs prédécesseurs, à ceux qui se sont avant eux essaye dans le genre lyrique. l’autre Rousseau, Jean-Baptiste, ou Voltaire, ou