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LA LITïÉnATUKE PERSONNELLE :î-25 comme emprisonnés dans le cercle élroit de leur égoïsme, on dirait, à les lire, que ceux qui les écrivent ont presque tout ignoré des hommes et de la vie. Dans le Journal des Goncoiirt. il n’y a de cu- rieux ou d’original que ce que les autres y disent. Mais, pour eux, les deux frères, ils n’y font sur eux- mêmes que des observations d’une banalité tout à fait singulière, et dont ils sauraient qu’elles traînent un peu partout, s’ils ne croyaient pas que la « psycholo- gie » a daté, dans l’histoire de l’humanité, de l’appa- rition des Concourt, et que personne avant eux ne s’était regardé soi-même. Ils croient aussi qu’ils ont les premiers empruntés leurs modèles à la réalité, et ils remplissent le tiers d’un volume avec l’histoire de la vieille bonne qui a posé pour eux Germinie La- certeux. Mais ce que l’on peut pardonner à une jeune fille comme Marie Baskircheflf, — son étonnement en présence d’elle-même, et sa surprise de découvrir en elle des traits qui sont de toutes les jeunes filles, — on le pardonne moins aisément à des auteurs de profes- sion qui ont tout essayé, le roman et le théâtre, la cri- tique et rhistoire, sans réussir nulle part, il est vrai, qu’à se mettre en chaque genre au-dessous des vrais maîtres. On est confus pour eux de tant d’inexpérience jointe à tant de prétention, et qu’en irritant notre amour-propre, ils n’aient pas eu l’art d’amuser seu- lement notre curiosité. Et que dirai -je enfin de la grande duperie de ces livres de « bonne foi », lesquels ne manquent, pour .