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dans son Rapport sur l’État de la Poésie en 1867, a parlé des Poèmes antiques. Beaucoup plus récemment, dans une lettre qui servait de Préface à ses Trophées, M. José Maria de Heredia se plaisait à rappeler le temps où Leconte de Lisle « enseignait aux jeunes poètes, avec les règles et les secrets subtils de son art, l’amour de la poésie pure et du pur langage français ». Et jusqu’aux environs de 1860, il serait difficile de nommer un poète qui ne procédât à quelques égards de l’auteur des Poèmes antiques et des Poèmes barbares. La dignité de sa vie, la sûreté de son commerce, la sévérité de sa discipline retenaient auprès de lui ceux que l’éclat de son talent avait d’abord attirés. M. Stéphane Mallarmé lui-même et M. Paul Verlaine ont commencé par suivre assez docilement ses traces. L’influence de Baudelaire n’est venue que plus tard.

C’est qu’aussi bien la nature de son talent et l’inspiration la plus générale de sa poésie se trouvaient en parfait accord avec les tendances de son temps. Nous avons rapproché ses intentions de quelques-unes au moins des intentions de Renan, et nous avons dit en passant que l’analogie n’en avait pas échappé à quelques-uns de leurs contemporains. Si la Préface de ses Poèmes antiques était seulement d’un prosateur plus habile au maniement des idées abstraites, on serait frappé de voir comme le dessein en ressemble à celui des parties essentielles de la Philosophie de l’Art de Taine. « Pour atteindre à la