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de m. le comte d’haussonville.

tiques ni journalistes, un autre mot que celui de critique. Ce mot me déplaît. Je lui trouve un certain air chagrin et hargneux. Il semble impliquer un parti pris de blâme et de sévérité. J’en voudrais un nouveau et celui d’essayiste, que nous nous efforçons d’emprunter aux Anglais, ne me satisfait pas non plus complètement. Je souhaiterais, en effet, que ce nom à créer imposât surtout à celui qui le porterait, l’obligation de comprendre et d’expliquer. Qu’il se trouve en présence de quelque doctrine nouvelle ou de quelque talent naissant, le premier souci de celui qui juge ne doit-il pas être de faire preuve d’une certaine souplesse d’esprit ? Ne convient-il pas qu’il se prête un peu au début, sauf à se reprendre plus tard, et s’il se rendait coupable d’une légère complaisance, le mal ne serait-il pas moins grand que s’il péchait par une sévérité excessive ? Avoir