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de m. le comte d’haussonville.

revenu à Paris, résolu à tenter la fortune littéraire, avec soixante-quinze francs et une montre en argent dans votre gousset.

Vous avez passé alors, Monsieur, des moments difficiles, et dussiez-vous me taxer d’indiscrétion, je ne s’aurais m’empêcher de rendre publiquement hommage à la fière sévérité de votre jeunesse. Bien d’autres à votre place, sachant ce que vous saviez déjà, auraient demandé l’aisance à des travaux faciles, et sans plus de préparation, n’auraient songé qu’à vivre de leur plume. Ce n’est point ainsi que vous l’avez entendu. Avant d’écrire il vous a semblé qu’il fallait apprendre et pour apprendre vous avez pensé qu’il n’y avait meilleur moyen que d’enseigner. Votre humeur laborieuse s’est accommodée d’une place de répétiteur dans un de ces modestes pensionnats où l’on s’efforce de fabriquer en quelques mois des bacheliers récalcitrants.