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qu’on l’appelle, — amour de l’idéal ou préoccupation de la postérité, souci de perpétuer son nom ou désir d’exceller, — sa véritable ambition est de vaincre la mort et le temps. N’est-ce pas, Messieurs, ce que voulait dire un grand musicien, — l’illustre confrère dont vous regrettez la perte toute récente, Charles Gounod, — quand, ici même, aux jeunes prix de Rome, il adressait en votre nom ces belles paroles : « Ne tombez pas, leur disait-il, dans cette étrange et funeste méprise de confondre l’existence avec la vie : bien que soudées l’une à l’autre par la loi créatrice, il n’y a pas deux notions au monde qui soient plus disparates. C’est le relatif, le fugitif qui est le milieu propre de l’existence ; mais la vie ne se dilate et ne s’alimente que dans la tendance vers l’absolu… Souvenez-vous qu’on ne meurt que