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DE PHILIPPE

gues de l’affamé. On ne voyait que lui, songeait Philippe, dans cette maison, il n’y avait de femmes que pour lui. Il en faisait sauter une sur chaque genou, pas même essoufflé. Sa bonne conscience (et ce disant, Philippe était heureux de sa trouvaille), sa bonne conscience défendait le trône et l’autel jusqu’au bordel. Philippe était entré en tapinois, furtivement. Le dévot, entré, lui, de pied ferme, toutes les portes s’ouvraient, tout s’illuminait, il y avait des courants d’air qui agitaient jusqu’aux ampoules électriques. C’était la grosse innocence de Rabelais que le dévot en permission amenait avec lui. Rien n’était défendu et les recherches du vice devenaient normales, par permission du dévot. Cependant la naïveté de Philippe se scandalisait de voir le dévot partout. Il ne tenait pas en place, quittait son verre vide pour une cigarette, pinçait les fesses, contait des gaillardises. Il alla jusqu’à payer une tournée. Un dévot qui s’émoustille, observait Philippe, passe les bornes de son avarice, son porte-monnaie même prend des aises. Il se débarrasse du ciel et de la terre avec ses vêtements. Il n’entend plus être serré aux entournures, il arrache les boutons.

Dans ce dévot, quelque chose subsistait de papelard, qui faisait la nique aux curés qu’il exploitait. Il jouissait tout son soûl, il volait la part des autres, et il rigolait de faire ainsi l’école buissonnière. Ce qui frappait, c’est qu’il