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LA FOLLE EXPÉRIENCE

à Julien maints motifs de jalousie récente, et Julien avait renchéri. Ils s’étaient pochardés en couvrant l’absente d’injures.

Philippe dut accompagner Claire au concert, et, tout le temps, plus que la baguette du chef, c’est ses yeux que Philippe suivait, ses yeux à l’affût de celui ou de celle qui la verrait. En cinq minutes, elle s’était fait une carte de la salle et tous les sièges étaient épinglés d’un nom. De sourire et d’observer elle était lasse et ivre, lorsque les dernières mesures s’éloignèrent, et ce ne fut que dans le dancing où il leur fallut se rendre qu’aux premiers cocktails elle se ranima.

Ils restèrent là peu de temps : elle n’avait reconnu personne. Dans le taxi, elle eut un mot qu’elle crut tendre :

— Si vous portiez une lavallière, comme lorsque je vous ai connu.

Puis tout de suite :

— Comme vous faites chez vous, nous allons passer une nuit à lire du Racine. C’est mes vacances… Et vous savez, j’ai du très bon vin, la cave de ma mère…

Ils n’avaient pas lu de Racine : elle l’avait interrogé sur ses amours, et il avait parlé de Florence.

Florence ! Elle ne ressemblait guère à l’autre, et pourtant les amours de Philippe avec Claire furent les mêmes que les amours de Philippe avec Florence. Il fut méchant avec Florence