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LA FOLLE EXPÉRIENCE

il se sentait en sécurité. Mais où se laver de ce parfum qu’il avait encore aux narines ? À gauche, une jeune fille égrenait son chapelet. Philippe devinait un visage pur, des yeux doux, et il s’attendrissait. Il aurait voulu l’embrasser furtivement, puis partir tout de suite, pour ne pas la souiller. Philippe était maintenant un paria, et, sans foi, il avait envie de la confession pour se purifier, pour s’enlever même ce goût de chocolat rance qu’il avait dans la bouche. Il se disait : « Je ne suis donc pas un homme ! Dieu n’existe pas, et c’est de la foutaise, toutes ces simagrées… » Alors, gauchement, il entra dans le confessionnal.

Par l’aveu de petites fautes, il retardait le moment. Il ne savait comment confesser sa visite à la maison close. Cependant à travers ses circonlocutions, le prêtre comprit, et, dans un sourire que Philippe devina :

— Elles n’ont pas ri de vous ?

Philippe, blessé, confessa qu’il en avait possédé trois et que…

— Je ne vous crois pas…

— Et moi, je ne crois pas en Dieu…

Dans sa rage, il quitta le confessionnal, et sans s’agenouiller, laissa l’église.

Durant des heures, Philippe marcha, suivant du regard, puis les suivant tout à fait, les femmes fardées qu’il rencontrait. Il rêvait de les aborder et que l’une d’elles l’emmènerait dans une maison de rendez-vous, où il prouverait sa