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LA FOLLE EXPÉRIENCE

Devant le prêtre, à côté de lui, qui se sentait ridicule, Claire était pâle, ce qui la rendait moins jolie pour Philippe, qui, néanmoins lui trouvait une belle jeunesse ; mais jusqu’à ses pensées qui, en ce moment, voulaient la salir. Il se rappelait cette scène chez Florence, lorsqu’il s’était réconcilié avec Florence. Un jour qu’il avait des sous et qu’il s’était grisé longuement chez elle, était entrée son amie Clara, une belle fille saine, dont il savait pourtant le métier : c’est pourquoi, cyniquement, il demanda à Florence de s’entremettre auprès d’elle. Florence accepta, et lorsqu’ils furent dans une chambre, il remit, dans un grand geste, un billet de banque tout neuf à la fille qui, alors, le regardant dans les yeux, se mit à rire :

— Maintenant que j’ai l’argent, je m’en vais. T’es trop laid…

Philippe songeait à répondre : « Non, elle est trop laide », à la demande du prêtre.

Il n’en fit rien, et ils étaient mariés.

Malgré lui, à la maison, Philippe craignait les discours et les gestes sentimentaux, et c’était plus fort que lui, il ne l’aimait plus. Lorsqu’il l’embrassait, il se retirait aussitôt, il avait honte de lui, de cette comédie. Elle souriait, un peu triste, et courait ailleurs. On aurait dit que Claire avait deviné : elle n’avait pas renvoyé la tante Bertha qui, depuis quelques jours, avait emménagé chez elle.

Le plus clair de la journée se passa en classe-