Page:Brunet - Les hypocrites (1) - La folle expérience de Philippe, 1945.pdf/229

Cette page a été validée par deux contributeurs.
230
LA FOLLE EXPÉRIENCE

n’était que pour s’amuser, s’amuser à critiquer quelques sottises pour ceux dont il n’aurait pu se faire entendre autrement, dans le bredouillement de ses conversations. Les dernières fois qu’il écrivit, Philippe ne fit que mettre au net ses rêveries, et n’en tira le plaisir que de constater qu’elles étaient encore plus fumeuses qu’il ne pensait. Voilà qu’il atteignait la notoriété, une notoriété de paroisse : Philippe était le converti. Ses péchés n’avaient été pourtant que les plus mesquines des fautes. Il en ajoutait une plus mesquine, en enlevant à la tante Bertha le plaisir puéril d’abriter un « converti », d’en avoir l’usage.

Philippe voulait quitter ce petit monde rance, et ce fut Claire qui lui en donna l’occasion. Le hasard ménagea leur rencontre. Dès qu’elle l’aperçut, elle lui sourit comme à un ancien camarade. Philippe fut révolté. Il n’osa cependant rien manifester, parce que c’était toujours le même regard, et, s’en apercevait-il pour la première fois, c’était toujours la même bonté, qui rayonnait dans tout son visage.

— Moi aussi, tu sais, je me suis convertie.

Curieuse entrée en matière. Claire avait-elle rencontré la tante Bertha, et lui faudrait-il aller communier au bras de Claire, pour réparer une faute dont il excusait Claire, mais dont il ne voyait que la bassesse et la niaiserie, quant à lui ? Claire avait des antennes et cette femme, qui préféra toujours la société des