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DE PHILIPPE

un soir chez la femme de François, à la fin d’une beuverie, il l’avait prise dans ses bras, l’embrassant à pleine bouche. Ensuite, une seule fois, elle s’était donnée à lui, comme pour se venger, elle aussi, de son mari. Et François, il ne l’avait plus revu, et, quelques mois après, dans sa solitude, il s’était suicidé. Philippe ne voyait que des bassesses dans sa vie. En ce moment, il était couché, parce que, trompant un pauvre fou (et qui sait ? ce naïf avait peut-être un grand cœur !), il avait dépensé l’argent que l’autre destinait après tout, si niais fût-il, à une belle action. Alors des rages prenaient Philippe. Il appelait le séminariste :

— Je veux bien revenir à la pratique religieuse, mais tout me scandalise…

C’est le séminariste que, naïvement, bien entendu, il voulait scandaliser :

— Quand les prêtres s’occupent d’action, ils y mettent une passion troublante, qui laisse bien loin tout fanatisme politique. Je connais un abbé, un saint homme qui, à chaque élection, dit : « Ce n’est pas une élection comme les autres », parce qu’il veut faire passer le candidat de son collège, qu’il croit tenir, et qui se moque de lui… Quand les prêtres font quoi que ce soit, ce n’est jamais comme les autres.

— Vous avez raison, ils travaillent pour un but surhumain.

Philippe retombait dans ses cauchemars, pour se réveiller et se mettre à rire : « Quelle mouche