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DE PHILIPPE

soleil. Toute la chambre était du reste poudreuse et Philippe se demandait par quel sortilège le docteur avait réussi à esquiver le balai de la Maureault. Et aussi par quel paradoxe, cet homme des fenêtres ouvertes consentait à garder ces saletés.

Philippe voulait s’expliquer, Philippe voulait nier, et justement il sentait une envie à l’estomac qui le brûlait d’avaler un coup de sa drogue :

— Prenez une bonne gorgée, et essayez-moi ensuite ces excellentes bottines. Puis allez faire une marche, et vous me direz si l’obsession ne diminue pas.

Philippe rougit, il tira quand même de sa poche la petite fiole, qu’il vida. Tout de suite, abolissant ses peurs comme un rayon de soleil, un bien-être se faisait jour. Il chaussa donc les bottines invraisemblables, et, la face rouge de l’effort, il se mit à arpenter la pièce :

— Vous verrez, vous n’en voudrez plus d’autres, après quelques heures… Allons faire une marche…

Philippe passa dans sa chambre, les pieds serrés dans cet étau de cuir, et grandi, lui semblait-il, par les talons. Il endossa un imperméable défraîchi qu’il tira de sa serviette et rejoignit le docteur :

— Ne boutonnez pas votre manteau. Si l’on veut profiter de l’air, il faut avoir la poitrine dégagée… Moi, l’hiver, je ne porte qu’aux