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DE PHILIPPE

Le docteur et Philippe suivaient un long couloir. Ils s’arrêtèrent devant une porte close :

— Je sais que vous ne resterez pas plus qu’un jour… Je vous laisse donc dans cette petite salle, où vous pourrez dormir quelque temps…

— Est-ce que j’aurai de la jaune ?

— Où vous croyez-vous ?

Philippe était désespéré, mais le docteur ajouta :

— Ne craignez rien… Je vais vous faire administrer une piqûre qui vous calmera…

— Je suis tellement nerveux…

— Je vous le promets, dans cinq minutes, vous serez au septième ciel…

Le docteur partait. Confiant maintenant, et désireux de savourer toutes les voluptés à la fois, Philippe demandait :

— Je n’ai rien à lire, vous n’auriez pas quelques revues médicales ?

— J’ai les derniers numéros de Candide et de Gringoire, ce sera plus gai…

Philippe entra dans cette salle, où il y avait six lits, six tables, et des fenêtres : il les examina, songeant à s’enfuir, après la piqûre. Mais si on le laissait là, seul, sans rien ? Philippe se rappelait ce jour affreux qu’il avait passé à un autre hôpital, un agent de police au pied de son lit et qui fumait la pipe : on l’avait ramassé, dans une pharmacie, au moment que, tout de suite, après avoir avalé sa drogue, il s’était effondré. Ce n’avait été qu’un jour d’an-