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L’été suivant, Frédéric fut invité à passer deux semaines à la campagne, chez un camarade dont les parents possédaient une île. Madame Royer ne le sut qu’après quelques jours. Frédéric était sombre, soucieux. Il ne parlait guère. C’était au commencement des vacances, et il avait l’habitude d’aller faire de longues promenades à la montagne, un livre sous le bras. Il restait à la maison. Madame Royer ne cessait de lui demander :

— Es-tu malade, Frédéric ? T’es changé… Ils sont pas raisonnables, au collège, de vous forcer comme ça… Je suppose que tu penses encore à tes études… Oublie ça, prends du bon temps, va voir tes amis… As-tu des billets de char ? Je vais t’en donner…

— Non. Je n’ai rien. Je vais rester à la maison.

Il continuait de se promener de long en large. À la fin, il avoua qu’il était invité là-bas.

— Tant mieux. Ça va te faire du bien. Tu vas changer d’air, tu vas te reposer. J’ai justement rien à faire, après-midi, je vais préparer ta malle.

— C’est inutile, j’ai refusé.