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prime d’assurance hebdomadaire qu’on serait obligé de lui payer jusqu’à la fin de ses jours, « pour cause d’invalidité permanente », et voilà qu’une syncope l’emportait. Pas chanceux !

Madame Royer restait seule avec trois enfants : Joseph, l’aîné, petit commis qui buvait, Marthe, une infirme, et ce Frédéric, qui n’avait que 12 ans. Grâce à un cousin, qui était vicaire dans une paroisse de la ville, elle put le placer au collège. Se séparer de cet enfant, le plus jeune qui lui restait, lui fut une peine plus grande que son deuil. Elle avait voulu qu’il restât externe.

— Je sens qu’il a la vocation, lui avait dit le vicaire, il vaut mieux qu’il soit pensionnaire.

Pour voir son fils chaque jour, madame Royer avait ruminé toutes sortes d’inventions, et, enfin, elle avait trouvé. Toujours par le vicaire, elle s’était faufilée, à titre de garde-malade, chez la vieille madame Laurendeau, la bienfaitrice de tout le diocèse : madame Laurendeau avait une chapelle à domicile, où un prêtre du collège venait chaque jour dire la messe. Madame Royer fit tant que Frédéric fut choisi comme servant. Ainsi, elle pouvait le voir chaque jour.