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tes comme des anges vieux garçons, mais Ferdinand fumait la pipe, maintenant, dont le tabac l’étouffait, et Armandine, avec amour, arrangeait les vêtements de son homme. C’était sa façon d’entrer en ménage : elle était propriétaire des vêtements de son mari, à qui cela déplaisait souverainement. Elle répétait, ne pouvant encore le tutoyer :

— Je vous dis qu’il y a un bouton qui manque.

Il était obligé de la quitter, d’aller faire un tour.

Pour Armandine, dans le petit logement qu’ils avaient fini par attraper (hélas ! ce n’était pas encore leur chez-eux), elle s’affairait, elle frottait, rangeait, s’esquintait, se tuait de fatigue, et, n’eut été une sourde humiliation qu’elle ne s’avouait pas, elle aurait été presque heureuse.

Les scènes n’en tardèrent pas moins à commencer. La première, ce fut au sujet du portrait. Elle feuilletait un album de photos, lorsqu’il vint familièrement au-dessus de son épaule :

— Qui, celle-là ?

— Vous me reconnaissez pas ?