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mentale. Tout en n’étant pas sûre, sûre, elle pensait être parvenue au degré d’oraison dite de quiétude, et elle comparait les phénomènes que décrit merveilleusement sainte Thérèse à ce qu’elle croyait observer chez elle.

Le dernier été que je passai au village de Florestine, la dévote était dans sa gloire, je veux dire dans son plein. Elle n’en dormait plus des nuits et de réciter toute la litanie des saints, qu’elle avait apprise pour l’occasion, ne lui rendait pas le sommeil. Il est vrai qu’elle était mal à l’aise, et, si le Père à titre de tolérance lui avait accordé cette récitation, elle restait inquiète et cette prière couchée lui semblait singulièrement manquer de respect. On ne prie point pour imiter ces douillets qui avalent des soporifiques et qui se tuent et se dôpent à petites doses. Au bout de quelques jours, elle fit son sacrifice et se contenta d’attendre un sommeil qui ne venait pas, les mains serrées sur son chapelet et son paquet de scapulaires, en pensant au bon Dieu et aux choses saintes. Cependant, elle commença une neuvaine à saint Simon stylite et, après neuf jours, elle reprit si bien son sommeil qu’elle en arriva un quart d’heure seulement avant la