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Sans doute pourtant la peinture ne lui était-elle qu’une expérience d’abord comme tout ce qu’il fit. Songez qu’au cours d’un voyage, ce délicat épousa une négresse, et, ses intimes me l’ont assuré, il vivait avec elle dans une chasteté parfaite. Voulait-il imiter les saints ? Il est vrai que Duprat, au contraire de ses camarades, est resté catholique — sauf sur un point, que je marquerai tout à l’heure. Je ne crois pas cependant que ce soit par vertu qu’il se soit laissé choir dans cette situation anormale. Il voulait plutôt tenter le diable. Rien ne l’attirait comme l’exotisme (quelques années, il imita Gauguin, dans ses tableaux), et je jurerais qu’il ne pénétra jamais dans la cabine de sa négresse, une des deux cabines qu’il lui fallait à chaque voyage, jamais il ne lui baisa le bout des doigts, tout civil et formaliste qu’il fût : je le répète, il faisait là une expérience.

Enfin, il se rangea. Finis les voyages. Sa femme était morte et, maintenant, son bon cœur voulait se consacrer à ses nièces, jeunes orphelines. Il obtint la direction d’une clinique qu’un philanthrope, sujet lui-même à des troubles nerveux, installait dans les Laurentides. De temps en temps, quand la mort ou la guérison