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Ce qui excusait Ferdinand à ses propres yeux, c’est qu’Armandine, par l’esprit et le comportement, avait tout pour lui plaire.


Au sujet de Ferdinand, plaire est un mot indécent : disons plutôt qu’Armandine avait tout pour le contenter. Ce mot est encore indécent, mais il faisait partie du vocabulaire égoïste de Ferdinand.


Personne n’ignorait que, pour elle, Armandine dédaignait les femmes qui s’occupent des hommes. Elle avait sa maison, elle avait son ordinaire. Son ordinaire, c’était peu de chose : elle ne mangeait guère et ce n’est pas souvent qu’elle se permettait des gourmandises, comme elle disait, en faisant une moue de petit fille qui lui décrochait la mâchoire. Au fond de sa chambre, elle avait une horloge grand-père, qu’elle époussetait et polissait avec amour. Il y avait aussi les lettres du grand-oncle, qui fut zouave pontifical. C’était son trésor. Aux initiés, elle consentit parfois à en montrer quelques-unes. Certains jours, elle rêvait d’avoir un coffre à la banque pour y déposer cette correspondance : on ne sait jamais, les voleurs…