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peiner des amis qui me sont chers : disons qu’elle était violette. La nuance correspond du reste aux doctrines. Dans ses premiers numéros, elle publia des souvenirs inédits sur Jos. Robert, le grand Jos. Robert, qui, durant trente années, avait électrisé son petit pays. Elle avait une façon de le citer, de s’appuyer sur lui, qui faisait de son amitié pour le tribun disparu une sorte de mariage d’outre-tombe. Elle prodigua avec une telle conscience les topos éloquents qu’elle contribua à le ramener au pouvoir, pour ainsi dire, dès les élections suivantes. On aurait dit que le nouveau chef d’État ne faisait que l’intérim de Jos. Robert, qui, avec sa belle barbe, son argenterie de Saint-Grégoire et ses doreries du Saint-Sépulcre, allait revenir par le prochain bateau. Martine passait son temps dans la capitale, et Jules Langlais, s’il vendait plus de quincaillerie au gouvernement, n’en décolérait pas. Son mariage n’était pas la blague qu’il escomptait, et il avait lancé une vedette, sans le vouloir.

Le journal se vendait, et il va de soi qu’il ne manquait pas d’annonces. Près du titre, on voyait, en dessin stylisé, la gueule de Jos. Robert et l’on ne rencontrait pas de petit