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Elle portait des cheveux longs, et toute une pluie d’épingles tomba sur le tapis. La demoiselle riait, pleurait, riait, gloussait, s’abandonnait.

— Des ciseaux ! des ciseaux ! avec les cheveux de mamzelle Lortie, je vais danser la danse des vierges hindoues…

C’était si burlesque et si gênant qu’un plaisantin se mit à chanter une chanson à répondre, que tous reprirent en chœur. Langlais, avec sa proie, fut entouré et disparut presque. Il fut bientôt dans le couloir, toujours la vieille fille dans les bras, et criait :

— Bonjour, la compagnie ! J’emmène le grand-père et j’enlève la nonne du sérail.

Ce n’est pas en vain qu’il avait dit, la nonne : mademoiselle Lortie prit l’aventure au sérieux, elle écrivit lettre sur lettre, téléphona, télégraphia, se fit coiffer à la garçonne et finit par demander son entrée au couvent. Ce qu’elle est devenue, Dieu le sait.

Cependant, Langlais venait de jouer la répétition de son propre mariage. Cet homme frigide se maria. On apprit par les journaux « le grand mariage ». Ce fut une comédie, qu’il monta à dessein, j’en suis sûr.