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Je vous épargne la description de la fête. Sachez qu’il y eut d’innombrables tours de danse, qu’un comique récita trois monologues, qu’une jeune fille à râtelier resplendissant, le premier chef-d’œuvre de Dufresne, chanta la barcarolle d’Offenbach, que madame Dufresne fuma sa première cigarette et que le vin était sucré : « Je le fais d’après les recettes de ma vieille tante ». Joignez que les gâteaux venaient de chez McKeown et que, vers 6 heures, j’entendis les gloussements des pelottages de la cuisine. Enfin, une soirée comme les autres, si Langlais n’en avait pas été.

Déjà, il s’était fait remarquer par ses mots et son attitude. Mais il y eut l’épisode du portrait.

Au-dessus du piano, il y avait donc un portrait du grand-père de notre ami, Lémerise, le marchand, enfoncé dans une cravate qui faisait jabot. Langlais le contemplait depuis quelques instants, aussi à l’aise que s’il eut été dans un musée. Les danseurs en ralentissaient leurs pas, lorsqu’ils passaient près de lui.

Dufresne, je t’achète ton « cadre »… Dis pas non. Il y a longtemps que je voulais