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Abandonné souvent aux maux les plus affreux ?
Il porte un cœur françois jusques dans l’infortune ;
Renfermant en lui-même une plainte importune,
Il apprend à souffrir sans se lasser d’aimer ;
Et s’il faut pour son Roi sacrifier sa vie,
Ce nom seul prononcé suffit pour l’enflammer ;
Il meurt, & rend aux siens son sort digne d’envie :
Héritage d’amour qui ne peut, s’exprimer !
O vous qui dès l’enfance avez reçu l’hommage[1]
D’un sentiment si vif, si flatteur & si doux !
Le nom qu’il vous donna passera d’âge en âge :
Si nous aimons nos Rois, qui le fut mieux que vous ?
Des plus tendres sujets vous fûtes le Monarque,
Leur sang couloit pour vous aux champs de Fontenoi,
Et dans Metz tout en pleurs ils conjuroient la Parque
De frapper sur leurs têtes, & d’épargner leur Roi.
Le Ciel sensible alors à leurs justes alarmes,
Suspendit ses rigueurs, le rendit à leurs larmes.
« Les temps sont arrivés, prononce l’Eternel :
Quel coup je vais porter à ce peuple que j’aime !
Mais un Roi n’est qu’un homme, & tout homme est mortel :
François, soumettez-vous à mon décret suprême. »
L’Ange vole & reçoit l’ordre du Tout-Puissant,
Sur l’Empire des Lys il plane en frémissant ;

  1. Louis XV.