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SUR L’ELECTRE, &c. 543

lieu & le fil qui doit former tout le tissu de la Tragédie. La douleur d’Electre est la plus belle & la plus touchante du monde. Son caractère est achevé dans la Scène qu’elle fait avec Crysothemis. Mais la plus brillante situation, & le coup de Théâtre le plus surprenant c'est, la reconnoissance du frère & de la sœur. Ce fut principalement cette Scène qui fit verser tant de larmes aux spectateurs, lorsqu'au rapport d’Aulugelle, * " un "certain Polus qui faisoit le rôle d’Electre, "pour se pénétrer mieux de l’esprit "de son personnage, tira du tombeau "d’un fils qu’il avoit perdu, l’urne "qui contenoit ses cendres, & l'embrassant "sur le Théâtre, comme si c’eût été "l’urne d’Oreste, il remplit toute "l’assembiée, non pas d’une simple émotion "de douleur bien imitée, mais de " cris & de pleurs véritable." La conduite en un mot de toute cette Pièce est si naturelle, si nette, si noblement ordonnée, si remplie de surprîtes Théâ


  • Polus lugubri habita Electra indutus urnam

è sepulchro tulit filii, & quasi Orestis amplexus , opplevit omnia non simulacris neque incitamentis, sed luctu atque lamentis veris. Aul, Gell. Noct. Attic.l. 7. c. 5.