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ACTE II. 265

Si je le cache volontairement dans mon Palais, puissent retomber sur ma maison & sur moi ces funestes imprécations ! Enfin, Thébains qui m’écoutez, je vous ordonne en Roi, par l’obéissance que vous me devez, par le respect dû à l'Oracle, par l'intérêt de la Patrie si tristement défigurée, d’exécuter ponc- tuellement les ordres que vous venez d’entendre. Hé quand même les Dieux n'auroient pas parlé, convenoit-il de laisser impuni un attentat si criant ? Le sang du meilleur des hommes & des Rois ne parloit-il pas assez ? ah, n'auroit-il pas dû être déjà vengé ? succefieur d’un si bon Roi, possesseur de son thrône & de son épouse, • père & tuteur de ses enfans, si les destins ne les eussent ravis, je veux à mon tour le regarder comme


• Il parle sans Je sçavoir, de lui-méme, c’est-à-dire, du fils de Laïus. M. Dacier reprend à propos le Scholiaste de trouver ces fortes de pensées moins nobles. Il est vrai que le Scholiaste ajoute qu’elles sont très propres aux mouvemens du Théâtre, & qu’Euridipe en est plein, au lieu que Sophocle les employé sobrement, & uniquement pour émouvoir. Rien en effet n’est plus capable d’exciter ces mouvemens que la pensée d’Oedipe. Il veut venger comme son père un Roî dont il se trouve a la fin le fils & le meurtrier.

     Tome I.                           M