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LES CORRECTEURS A PARIS
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Le prévôt de Paris, Robert d’Estouteville, chambellan de Louis XI, les a pris sous sa protection. »

Louis XI lui-même, enfin délivré des soucis qui avaient assombri le début de son règne, leur accorde sa faveur et sa protection. En 1472, Friburger et ses compagnons présentent collectivement au roi l’une de leurs dernières œuvres, le Miroir de la Vie ; deux ans plus tard, Louis XI récompense les imprimeurs en leur accordant des lettres de naturalisation.

Forts de l’appui du Pouvoir royal, désormais à l’abri, peuvent-ils croire, des attaques qui n’avaient point manqué de se faire jour dès leur arrivée à Paris, Friburger, Gering et Crantz continuent inlassablement la production d’œuvres nouvelles : de 1470 à 1473, malgré les moyens fort restreints dont ils disposent, ils ne produisent pas moins de vingt-trois volumes.

Mais, en septembre 1472, le voyage à Rome de Guillaume Fichet prive les imprimeurs de l’un de leurs protecteurs et de leurs conseils les plus dévoués et les plus expérimentés. À cette même époque, quelques-uns des élèves de Friburger, venus également d’Allemagne, s’éloignent, eux aussi, et vont s’établir rue Saint-Jacques à l’enseigne du Chevalier au Cygne[1].

L’atelier de la Sorbonne n’est pas alors sans ressentir les conséquences de ces départs : l’exécution manuelle des livres sortis à cette date de ses presses est fort inférieure à celle des productions antérieures : des fautes grossières de technique s’y rencontrent, la poésie est imprimée comme la prose ; le travail intellectuel est plus inférieur encore : des lignes entières sont oubliées, des vers sont omis, des erreurs nom-

  1. Dans l’ancien temps chaque demeure avait sa dénomination, son enseigne particulière qui servait à la distinguer des maisons voisines (les numéros n’étaient point alors en usage). Nombre d’imprimeurs acceptèrent comme marque personnelle de leurs productions l’enseigne de leurs maisons, en y ajoutant une devise ; mais un non moins grand nombre se créèrent pour leur atelier un écu différent de l’enseigne de leur habitation. — La marque personnelle à chaque imprimerie fut rendue obligatoire par l’article 15 de l’édit de Villers-Cotterets du 31 août 1539 : « Item ne pourront prendre les maîtres imprimeurs et libraires les marques les uns des aultres, ains chacun en aura une à part soy différente les unes des aultres, en manière que les acheteurs des livres puissent facilement connoître en quelle officine les livres auront été imprimés et lesquels livres se vendront auxdictes officines et non ailleurs. » — D’après Claudin, Pierre Vagener ou Wagner, dit César (Cesaris) (de Schwiebus en Silésie), et Jean Stoll auraient été associés, sous l’enseigne du Chevalier au Cygne, de 1474 à 1478.